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NdR : J’ai tenu à intégrer les témoignages de Marx Florent et de Liebgott Joseph dans le chapitre traitant du cas de Schmitt Arthur.

Marx Florent

« Le matin du 11 janvier 1943, nous partîmes au conseil de révision à Forbach. Le refus de servir la Wehrmacht nous conduisit à la gendarmerie qui nous embastilla aussitôt dans la Nord Kaserne. Dans quels beaux draps venions-nous de nous fourrer ? Les sentinelles nous avaient prévenus : une quelconque tentative d’évasion serait passible de la mort pour motif de fuite ! Et cela fut dit sur un ton exécrable, le fusil pointé sur nous. On nous embarqua vers 16 heures dans le train : destination Trèves. Les toilettes du wagon ne devaient en aucun cas être fermées lorsque nous allions au petit coin.

Sur le coup de 20 heures, nous arrivâmes dans la Kemmel Kaserne, après avoir traîné durant une bonne demi-heure nos valises et grimpé les 265 marches menant à notre camp. J’atterris dans la 2ème batterie tandis que les camarades francophones de Metz et de Thionville furent intégrés dans la 1ère batterie où on leur dispensa des cours accélérés d’allemand tous les soirs. Au bout d’une bonne semaine de formation, on nous annonça la prestation du serment à prononcer pour le lendemain. L’avant-veille se passa à régler les derniers préparatifs ; déjà en notre for intérieur puis à haute voix, nous nous étions mis d’accord pour refuser de nous laisser inféoder au régime nazi. Le dimanche matin, à l’instar des chevaliers du Moyen Âge allant se recueillir dans la chapelle pour sacraliser leur adoubement, nous dûmes assister à la messe. Le Dieu allemand Gott mit uns ne nous inspira pas durant cet office et au cours d’une illumination collective, nous fîmes part à notre lieutenant de nous rebeller durant la cérémonie en refusant net l’insermentation germanique. Nous fûmes consignés alors à huit hommes par chambre durant deux mois. Une sentinelle nous surveillait ; les repas nous étaient servis sur place.



Pour tuer le temps et par esprit de contestation, l’un de nous s’improvisa figaro et nous tailla des Eier Köpfe, de resplendissantes têtes-d’œuf avec la boule à zéro. Voici les noms de quelques-uns des 16 divins chauves : Schmitt Arthur (
1er à gauche dans la rangée debout), Reiff Alfred de Cappel, Thirion, Zingraff Joseph, l’inflexible rebelle de Seingbouse, (6ème debout) Daman Willy, Louis Martin, Liebgott Joseph, Mayer de Freyming, Metzinger Joseph, Guth Léon, Trinkwell Henri, Reinhalter André.

Passibles d’être condamnés par le Kriegsgericht à 15 ans de ZwangsArbeit (travaux forcés), l’on nous embarqua à la prison civile, faute de place ailleurs. Le schwarze Ripes (café horrible à base d’orge brûlée dégageant une saveur très acide) et quelques épluchures de pommes de terre doucereuses nous firent progressivement infléchir et bientôt, après quelques entrevues peu amènes avec l’autorité, on nous muta (avec Trinkwell Henri et Arthur Schmitt) à la 1ère batterie. Nous prêtâmes serment sur le sabre (Säbel) dans la chambre du capitaine.

Le 5 juin, je fus affecté à la 3ème Compagnie du bataillon de marche de l’Artillerie Regiment 34 à Baumholder. Moi qui pensais être expédié en Sicile, le ventre mou de l’Axe, où ça bardait avec les Américains, miracle ! je retrouvai la Kemmel Kaserne de Trèves et en prime ma 1ère batterie grâce à la bienveillance d’un lieutenant originaire de Sarrebruck. Pistonné par mon Sarrois, je pus bientôt bénéficier d’une permission de trois semaines (établie du 1er au 20 juillet). Il était clair dans mon esprit que j’allais me soustraire à l’incorporation.

Je fis part à Trinkwell de mon projet de désertion. Nous embarquâmes ostensiblement le 5 juillet pour Sarrebrück, mais prîmes discrètement le train jusqu’à la Brême d’Or et par la forêt nous trouvâmes refuge chez une famille de Slovènes à Stiring. Mais comme le coin grouillait de policiers, la promiscuité en ces lieux nous obligea à revenir à Farschviller au bout d’un mois. Je fis preuve d’habileté en faisant parvenir une lettre manuscrite à l’Ortsgruppenleiter. Expédiée des Charentes grâce à des passeurs, elle spécifiait au «maire» que je me sentais depuis toujours le cœur d’un Français patriote. Je lui demandai de veiller au bien-être de mes parents, désormais orphelins de leur fils.

La première cachette se situait dans notre grenier. Une «tente» de planches supportait un énorme tas de balles de foin. Il suffisait d’attirer vers l’intérieur de la cache une botte pour camoufler l’habitacle. Avec Trinkwell, nous eûmes droit à une perquisition. Les gendarmes, montés sur le tas de foin ne décelèrent rien de suspect. Pourtant l’alerte avait été chaude !

Une autre fois, en pleine nuit, des policiers vinrent frapper à l’huis. Ma mère, une femme aux nerfs d’acier, prit son temps pour s’habiller. Par pudeur elle ne voulait pas, prétendit-elle aux gendarmes qui s’impatientaient sur le perron, se montrer en chemise de nuit. Je grimpai en un temps record au grenier, j’occultai ma cache. Pendant ce temps, mon frère cadet Gaston sautait dans mon lit, ma petite sœur reposant endormie dans celui qu’il venait de quitter. Cette opération nocturne m’amena à plus de prudence.

Ma sœur à la langue bien pendue, mais qui ne devina jamais ma présence au foyer, était envoyée jouer chez les voisins lorsque j’éprouvais le besoin de remuer et d’avaler un bol d’air frais. De nuit toujours, je me fabriquai une deuxième planque près de l’auge des vaches. Je détachai sur toute sa longueur une tranchée d’un mètre de profondeur sur laquelle j’installai un clapier à plusieurs compartiments. Grâce à un ingénieux clapet basculant, je m’introduisais sous l’œil effarouché de la gent lapine dans mon «terrier». J’y ai dormi plusieurs fois.

La Libération me fit sauter de joie. J’ai éprouvé cependant beaucoup de difficultés à me requinquer tant cette épreuve de claustration m’avait marqué.

Pensant gagner ma vie, je partis travailler dès le printemps dans les mines qui requéraient un labeur épuisant.

Mais manquant de tonus par suite des privations endurées, je préférai partir m’engager dans la 1ère Armée de De Lattre pour trois ans.

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Liebgott Joseph de Saint-Jean Rohrbach (4ème sur la photo chevaux noirs, Zingraff, 3ème )

« J’ai  personnellement connu Arthur Schmitt. Durant trois mois, je me suis entêté comme lui à refuser de prêter serment au drapeau.

Nous avons été condamnés le 8 mars 1943 à 15 ans de travaux forcés par le Tribunal militaire de Trèves.


Voici comment les faits se sont déroulés : j’ai eu ma convocation m’appelant à servir la Wehrmacht mi-décembre 1942. Avec trois compatriotes de Saint-Jean-Rohrbach, nous embarquâmes, la mine sombre, à la gare de Farschviller.

Un encadrement militaire nous attendait de pied ferme devant les quais de la gare de Sarreguemines ; il nous accompagna vers la caserne d’accueil de Trèves. Dans les compartiments, les soldats de garde nous laissaient deviser en français mais avaient la consigne stricte de nous compter et recompter sans arrêt. Le conseil de révision eut lieu le lendemain dans la caserne Kemmel. Le Militärarzt (toubib) n’eut aucune peine à nous déclarer bons pour le service ! Une clique militaire nous attendait et tentait de détendre l’atmosphère. Un bon repas clôtura la séance. Si on pensait nous attirer par ces subterfuges, il y avait loin de la coupe aux lèvres. Nous ne voulions pas manger de ce pain-là. Deux jours après, seize d’entre nous s’étaient concertés et avaient clairement précisé qu’ils ne s’aligneraient pas pour le serment au drapeau. Aussitôt, nous fûmes transférés dans des cellules individuelles où l’on nous confisqua lacets et ceinture. L’aigle fut décousu de nos habits et chacun entreprit de se raser le crâne par esprit de contestation. Devant le nombre sans cesse grandissant de protestataires, nous fûmes coincés dans des dortoirs plus grands. Les auditions faites par un Feldwebel, une espèce de magistrat parlant un français parfait, se déroulaient de manière humaine. Par contre, le Wachmeister (chef des gardes) me postillonnait salement dans la figure des propos peu amènes : «Crétins de Kommunisten ! Vous finirez tous fusillés au Grüneberg. Les fosses sont prêtes pour de la racaille comme vous ! Et toi, damné Liebgott, je t’ai spécialement à l’oeil. Tes yeux et tes cheveux noirs (voir photo) ne trouvent pas grâce à mes yeux ! Ton type racial m’indispose. Tu es l’archétype du Français borné. Sale têtard (Kaulquappe) lorrain.» Le Trier Militärgericht nous condamna donc aux travaux forcés, nous laissant cependant un délai de trois jours de réflexion. La peine pouvait être commuée en réhabilitation au front, au vu de notre âge, si nous acceptions l’enrôlement. Progressivement, chacun se laissa convaincre, autant par le régime du pain sec à l’eau et les brimades quotidiennes que par la perspective déplaisante de 15 ans à passer dans un Strafregiment. Zingraff de Seingbouse fut le seul jusqu’au-boutiste malgré le peloton d’exécution promis à son encontre. En mon for intérieur, je savais qu’un jour ou l’autre je déserterais et qu’il était donc préférable d’opter pour une incorporation temporaire que de s’enferrer dans les mâchoires de l’étau guerrier. Le service reprit dans la foulée : tours de garde, exercices, parades se succédèrent ainsi durant six semaines.

J’allais me distinguer. Mes bottes de pointure 50 que je mettais inversées aux pieds ajoutaient au personnage ridicule que je m’étais forgé. « Gewehr ! Gewehr über ! Fusil ! Arme sur l’épaule ! » Là aussi, j’anticipais volontairement les commandements et me retrouvais avant les ordres en mouvement perpétuel. De guerre lasse, le sergent m’éjecta de la section et mon nouveau travail consistait à ramasser les mégots de la caserne. Comme j’ajoutais des pitreries à amuser les recrues pendant qu’elles paradaient, je me retrouvais nuit et jour casqué, même au lit !

Le Rittmeister (commandant) me chargea un jour de tracter un tank en carton-pâte sur le terrain d’exercices réservé à l’artillerie du régiment. Affalé dans cette caisse munie de quatre roues, je devais, au pas de course, échapper aux tirs de précision des canons installés non loin de là. «100 mètres à gauche !» Je filais me placer à l’endroit indiqué. Les canonniers réglaient aussitôt le tir et envoyaient une salve d’obus à blanc. «60 mètres à droite !» A ce jeu-là, je n’eus bientôt plus de jambes ni d’air, mais de l’imagination ! Je culbutai, au grand dam de l’officier, dans le ravin, l’engin se brisant en mille morceaux ! Arrivés furibonds sur les lieux, les deux officiers-cavaliers me gratifièrent d’une bordée d’injures à ne plus me relever.

« Saboteur, vous avez détruit du matériel militaire, vous méritez qu’on vous fusille.

- Faites excuse, ce sont vos obus à blanc qui l’ont indirectement pulvérisé ! J’en suis tout remué avec leurs explosions assourdissantes qui m’ont désorienté ! »

Pour mensonge caractéristique, on m’enferma dans un caisson d’artillerie que l’on fit culbuter du haut de la pente. Cela m’apprendra, disaient-ils, à reprendre mes esprits et à m’encourager dans l’apprentissage de la balistique. Mes camarades très inquiets de la tournure prise me faisaient comprendre d’arrêter ces niaiseries stupides mais je continuais à faire le clown. J’étais privé de sorties et je servais d’aide-à-tout-faire : débarquer les vieux canons tchèques pour les fonderies, charger et décharger le crottin pour le jardin d’un officier blessé, moudre le son aux chevaux (je ressortais blanc comme un meunier). Je dus, un jour, convoyer une charrette de fumier et je jouai un tour pendable à mon sergent. J’avais enlevé subrepticement le goujon de l’attelage planté dans le timon. D’une manière peu cavalière, j’avais pris les rênes et lancé un «huot» aux deux chevaux. «Halte !  Vous savez tout de même tenir les guides et faire claquer le fouet de la main droite. Allez-y et que ça saute ! » cria le sous-officier. Je fis siffler la lanière et mes deux bêtes s’emballèrent, leur galop précipita en l’air les chaînes d’attelage et les brancards désolidarisés avant qu’ils ne s’abattirent sur leur dos !

On me connaissait désormais dans toute la caserne pour mes facéties... peu appréciées.

Au bout de six semaines, alors que mon contingent s’apprêtait à partir pour Baumholder, je partis récupérer de nouveaux habits chez le fourrier qui avait entendu parler de mes frasques. « Blödes Vieh, bête imbécile ! A mon commandement, couché ! debout ! » J’exécutai dans la Kleidungskammer (magasin d’habillements) une belle série de mise en jambes qui me valut d’être écarté du lot en instance de départ.

Mon camarade Thirion pleurait : il tomba peu après lors d’une chasse aux partisans. «Tu vois, lui dis-je au moment de son départ où je voulais en venir avec mes simagrées ? Eh bien, éviter le front et crois-moi, à la moindre permission, je me planque.»

Resté seul, je fus affecté comme valet chez un fermier invalide, rescapé de la campagne de France. Il se déplaçait en fauteuil roulant, victime en 1940 d’un grave accident en side-car. J’étais hébergé dans sa famille. D’un accueil très correct, le patron exigeait que ma place fût à la table familiale. Je vaquais aux obligations de la ferme et au travail dans le vignoble.

Le 29 août 1943, j’obtins une permission de dix jours pour aider mon grand-père dans son travail agricole. Il faut dire que mes parents avaient été transférés en Silésie et peu de bras étaient disponibles pour lui donner un coup de main. Je pris mes dispositions pour mon départ. Au jour dit, je partis ostensiblement à vélo accompagné d’une amie (qui deviendra plus tard ma femme). Nous nous quittâmes sur la route de Rémering.

Je me planquai un peu plus loin dans le fossé et revins sur mes pas vers minuit. La cachette était déjà prête chez ma tante. Peu après, la Gestapo intervint. Deux hommes en noir vinrent s’enquérir de ma disparition et se présentèrent au domicile de mon amie qui sortait de la messe.

«Sind Sie Alize (Alice) Vilhelm ?

- Ja !

- Im Namen des Gesetzes sind Sie verhaftet ! Au nom de la loi, on vous arrête.

- Ich habe nichts gemacht. Je n’ai rien fait. Queme voulez-vous ? »

La pauvre demoiselle, et pour cause, ne savait rien de mon escapade jurant ses grands dieux qu’elle m’avait vu bel et bien partir. On lui réclama encore une de mes photos. La perquisition opérée chez ma grand-mère ne donna rien... car j’étais en lieu sûr chez ma tante. Son mari, garde-champêtre, était jugé (à tort) par certains de mes compatriotes comme ouvertement germanophile. Il mériterait mille fois la médaille d’or pour m’avoir volontairement caché chez lui. Pense-t-on à ce qui leur serait advenu si ma cachette avait été éventée ? L’oncle m’avait clairement dit que, si j’étais découvert, il ne fallait surtout pas hésiter un seul instant pour faire parler la poudre. Qu’importerait leur sort ! Je détenais un vrai arsenal récupéré après la bataille de la Trouée de la Sarre qui s’était déroulée en juin 1940 dans ce qu’on appelle chez nous la Ligne Maginot aquatique : un mousqueton, un pistolet 7,65 et deux grenades que j’avais récupérés dans le secteur après notre retour d’Exode passée en Charente. Une musette bourrée de rations était disponible, dans le but évident de pouvoir subir longuement un siège ou m’éclipser vers d’autres lieux lors d’une traque. (J’ai passé plus de quinze mois enfermé).

Mon frère cadet ignorait où j’étais, même s’il se doutait parfois de mon séjour éventuel dans le secteur en reconnaissant les chemises lavées séchant au grenier. Ma mère eut vent de ma présence et me vit en effet à l’occasion de la mort de son père où elle bénéficia d’une permission exceptionnelle pour venir de Silésie assister à ses obsèques. J’avais creusé dans le silo à foin une énorme excavation qui donnait sur une trappe qui permettait de fourrager les bêtes directement à partir du grenier. Le boyau qui y menait était astucieusement bloqué par une botte de foin. Grâce à un repère de craie blanche fait au mur, il suffisait de tirer sur la corde jusqu’à l’endroit indiqué pour obturer le tunnel (cf. plan de la cachette ci-dessus). Ma tante ou mon oncle venaient me chercher et usaient toujours d’un signal convenu : « Mousi (minou) viens !»

Dès le début de ma désertion, je fus atteint de la gale, attrapée sans doute déjà lorsque j’étais à l’armée. Bientôt, mon mal empira. Grâce à mon oncle, prétextant lui-même être atteint de démangeaisons, le pire fut évité.

Un pharmacien de sa connaissance et ami commun grâce à l’apiculture qui les rapprochait, lui fournit quelques médicaments et lui rappela d’un ton mielleux que le savon (Schmierseife) était excellent pour venir à bout de cette affectation contagieuse de la peau.

Il me fit chauffer de l’eau de pluie, bien douce ; une friction énergique avec un brossage appuyé s’ensuivit. Une énorme couche de savon fut étalée sur les plaies purulentes. Malheur ! Le thermomètre explosa, je brûlais de fièvre et l’oncle accablé songeait déjà à devoir m’enterrer incognito.

Je garde encore aujourd’hui quelques cicatrices dans le cou témoignant des ravages insidieux de la maladie.

Le 1er mai 1944, un bombardement eut lieu dans le secteur. Une des torpilles explosa non loin de moi, soufflant au loin les tuiles de mon «toit». Je partis me réfugier dans la ruche en attendant la réparation de la couverture au cours de laquelle on aurait pu découvrir ma présence. Ce jour-là, alors que la foule des badauds approchait et discutait au bord de l’entonnoir, j’aurais pu me montrer auprès de mes connaissances. La tentation était forte : je voyais mon frère, mes copains, mon amie Alice si proche... Non, il fallait être extrêmement prudent.

Après la mi-novembre 1944, les colonnes allemandes refluèrent en désordre vers le Reich. Cherchant refuge près de chez nous, un convoi avait garé ses véhicules non loin de mon abri. L’un des conducteurs fut grièvement blessé à la main lors des piqués exécutés par les Iaboss’ (avions américains, Jagdbomber = chasseurs-bombardiers). Comme le grenier ne m’inspirait plus confiance devant la menace de tirs aériens, l’oncle décida de me cacher dans un énorme tonneau de 500 litres coincé entre les stères de bois. Sur ces entrefaites, un équipage allemand bien ivre fit halte dans notre cave. Pris de libations, les gars éméchés venaient uriner contre mon tas de bois et je devais à chaque fois me retenir pour ne pas éternuer sous les effluves malodorants.

Le 22 novembre 1944, ce fut mon jour de Libération. Encore ai-je échappé par miracle à la mort. Les fantassins U.S s’étaient fait précéder par l’artillerie et l’un des obus heurta le pignon de la maison.

 

Un gros éclat laboura tout le mur avant de s’encastrer dans le poulailler sous lequel je me cachais. Un vacarme effroyable emplit les lieux. Je suffoquais dans l’odeur de la poudre brûlée. Mon oncle craignait le pire pour moi car une de ses vaches gisait foudroyée sur la litière. Il me retira vivant des débris. Et dire que cet homme-là, un trésor du genre humain, faillit être maltraité par les FFI dont quelques excités le croyaient acquis au parti nazi, il risqua même l’emprisonnement au fort de Queuleu ! Cachant habilement son jeu, mon tonton m’avait sauvé la vie et je dus de vive voix et avec force menaces le faire relâcher et surtout le réhabiliter !


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