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« 18 avril 1943, départ dans l’artillerie à Heilsberg en Prusse-Orientale. Fin février 1944, j’ai servi en Estonie et participé aux combats en Lettonie et en Courlande.

De mars à août 1944, après l’offensive russe victorieuse sur le front de Leningrad, l’emplacement de notre batterie dans les marécages gelés de la Narva (il faisait -35°C), devint précaire car nous ne disposions ni de tranchées, ni d’abris qui s’avéraient trop ardus à creuser dans la gangue glacée pour nous protéger des déflagrations et résister. De ce fait, on s’abritait sous les tentes, hélas trop facilement visibles du haut du ciel dans la neige. De jour comme de nuit, notre batterie était sans cesse exposée aux attaques d’avions de combat et de bombardiers.

Un matin, de bonne heure, les avions s’acharnèrent sur notre batterie. J’étais dans ma tente. Soudain, un éclair fulgurant suivi d’une détonation assourdissante nous enveloppa ! Un obus venait d’atteindre ma tente et éclata ; deux camarades se relevèrent tout ensanglantés, criblés de nombreux éclats à la tête et à la poitrine. Deux morts gisaient à côté de moi qui venais d’être miraculeusement épargné, sans une égratignure, mais littéralement sonné par la déflagration. Le matraquage des obus, la douleur de perdre de vrais camarades, le manque de sommeil (toutes les nuits, nous subissions de petits bombardements occasionnés par de lents avions monomoteurs), le froid (il n’y avait pas de poêle de tranchée dans la tente) et la hantise des avions russes (les chasseurs allemands évoluant dans notre secteur se comptaient sur les doigts d’une seule main) nous stressaient sans arrêt.


Le même scénario se répéta sur le front de Courlande de début octobre 1944 au 6 mai 1945. Le 1er novembre 1944, après un bombardement donné par les orgues-de-Staline, l’infanterie russe réussit à percer en masse les lignes tenues par nos fantassins.

Tous se sauvèrent, paniqués, poursuivis par les chars russes qui tiraient comme à l’exercice sur les soldats allemands.

Le 21 mars 1945, au petit matin, alors qu’un copain alsacien, Zimmermann Antoine de W. passait devant mon abri, un gros obus ennemi explosa au-dessus de lui dans les branches d’un arbre. Atteint par de nombreux éclats à la tête et aux jambes, le copain mourut sur le coup. Deux camarades, un Alsacien du nom de Lichtlé Jean et un Saxon, se précipitèrent pour le relever. Au même moment, et quel tragique hasard, un deuxième obus s’abattit dans le même arbre et tua les deux malheureux sauveteurs. Trois camarades morts devant moi en quelques instants, quel choc ! Lorsque j’ai soulevé la tête du camarade originaire de W. pour lui enlever sa plaque d’identité, ses yeux s’ouvrirent. Quelle joie inexprimable pour moi qui croyais en ces instants magiques qu’il revenait à la vie ! Malheureusement, c’étaient les soubresauts de l’agonie, la fin. Le cœur brisé, je lui rabattis les paupières. Quelle misère quand j’ai annoncé sa mort à sa mère ! 

Le 6 mai, vers 23 heures, la 11. I.D. dont faisait partie notre 11. Artillerie Regiment reçut l’ordre de rallier coûte que coûte le port de Libau situé à 60-70 km de notre position de feu pour être embarquée à destination de l’Allemagne. Sur tout le trajet fait à pied et sans protection aérienne, de longues colonnes de notre division furent attaquées toutes les demi-heures par des meutes de bombardiers. Ma batterie arriva bientôt à un endroit découvert où les bombes russes bien ajustées frappèrent cruellement la troupe en marche ; au moment de notre passage sur les lieux, plusieurs cratères ouvrirent la chaussée qui fut rapidement recouverte de grosses plaques de sang frais et de nombreux débris humains. C’était affreux à voir et nous plaignîmes de tout cœur les pauvres camarades qui moururent par fatalité le dernier jour de la guerre ! Dans la précipitation, nous dûmes neutraliser nos canons pour les rendre inutilisables, ils explosèrent alors que nous étions encore au milieu des engins. Encore une fois, je réchappai au danger malgré les éclats qui volèrent et blessèrent certains des nôtres.

Ebranlés par ces faits et toujours avec la hantise d’être attaqués et touchés par les avions de combat, nous arrivâmes l’après-midi à Libau où une nouvelle épreuve, démoralisante, nous attendait : les sous-marins russes stationnaient à l’entrée du port et empêchaient toutes sorties des bâtiments allemands qui auraient dû nous emporter vers le Reich. J’ai déserté le 7 mai de mon unité pour aller me cacher dans un camp hébergeant des spécialistes français déportés à l’arsenal de Libau en Lettonie. Le 15 mai 1945, je me rendis avec les ouvriers français aux autorités militaires russes qui nous dirigèrent sur Odessa, au camp de Luusdorf. Prisonnier durant deux mois et demi, je travaillai dans les vignes près du camp et j’effectuai des corvées de bois et d’eau.

La dysenterie que j’avais contractée au front me frappa à nouveau au camp. Dans le camp de Luusdorf, il n’y avait pas de conduite d’eau potable. Nous devions effectuer journellement des corvées d’eau, chaque homme portant deux grands seaux sur une distance de deux kilomètres, le matin et l’après-midi. Vers midi et le soir, nous touchions, par groupe de 10, un seau d’eau tiède avec trois feuilles de chou dedans plus un morceau de pain : cela devait satisfaire notre faim et notre soif. Je fus rapatrié en France le 24 août 1945. »

 

Kicinsky Nicolas, né en 1919


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