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« 18 avril 1943, j’ai été encaserné dans un régiment d’infanterie à Intersburg en Prusse-Orientale.

En août 1943, dans les W.C. une recrue se tira une balle dans la bouche, les débris de son occiput éclaté se retrouvèrent collés au plafond. Un autre fantassin se suicida sur son lit ; la balle traversa la caisse du lit et blessa le soldat allongé sur la couche supérieure.

Au bord de la rivière Inster, notre Hauptfeldwebel (adjudant-chef) qui nous expliquait le maniement et le lancement des grenades à manche eut les deux mains arrachées par l’explosion d’un tel engin.

Impliqué sur le front entre Gomel et Kiev, puis dans les environs de Korosten, le long du Dniepr, j’ai également combattu les partisans à Brouzana.

Capturé le 10 novembre 1943 à Wolkoschenko au cours d’un combat alors que mon unité amorçait la retraite, je revois encore la scène au cours de laquelle le commissaire qui me fit prisonnier tua un Allemand à côté de moi, d’une balle dans la tête. Pour le calmer, je lui donnai mon bracelet d’identité de l’armée française que je portais en permanence au bras. Je lui demandai comment je pouvais rejoindre le Général de Gaulle. A cet instant, il fit signe à un officier russe posté derrière moi de ne pas tirer. Il me fit partir vers l’arrière, escorté par un soldat. Dans la nuit, notre groupe de prisonniers rencontra un détachement de fantassins soviétiques en train de rendre les honneurs à leurs camarades qu’ils enterraient. La cérémonie était lugubre. En ces instants graves et solennels, nous craignîmes leur vindicte. Un Russe me flanqua une barre de fer sur l’épaule. Finalement, ils nous laissèrent passer sans trop de casse. En cours de transport vers Morschansk, des prisonniers essayèrent de s’évader par le toit d’un wagon, mais ils moururent écrasés par les roues du train. A notre descente en gare de Morschansk, beaucoup d’inconnus gisaient morts à l’intérieur des wagons.

Qui n’a pas connu à Tambow la faim, le froid, les parasites, l’entassement à 300 prisonniers par baraque ?

 

Le moindre effort devenait pour moi un supplice (abattage des arbres et travail au kolkhoze), tellement j’étais affaibli par les privations. J’ai figuré dans le convoi des 1500. »

Kramer Gustave, né en 1916


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