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« J’avais été affecté dans la Luftwaffe, au service défense contre avions, (la Flak et ses canons Vierling de 2 cm). Face au manque crucial de troupes d’élite, le commandement suprême de l’O.K.H. (Ober Kommando des Heeres) avait ordonné d’enlever les jeunes combattants provenant des secteurs défensifs de Pologne, de Silésie et de Prusse-Orientale pour les former en unités de parachutistes à Berlin. Mais faute d’avions disponibles, toute notre instruction tomba à l’eau.

Nous rejoignîmes, le 26 octobre 1944 au matin, une compagnie de la Hermann Goering Division, stationnée derrière le front, près de Gumbinnen. A la nuit tombante, elle nous accompagna en 1ère ligne. Mon camarade strasbourgeois Moch et moi-même étant les deux seuls Alsaciens de la section, nous nous coinçâmes dans un trou qui s’avéra vite être trop petit d’autant que les Russes lâchaient leurs feux d’artifice habituels.

Mon camarade sortit donc pour se chercher un autre abri, s’y installa et m’appela pour venir le rejoindre. Dans l’obscurité, je me dirigeai vers le son de sa voix et vers son ombre. Mais pendant ma progression, un obus explosa devant moi et me coucha au sol. Je constatai aussitôt que du sang coulait le long de mes jambes en raison d’éclats encaissés dans le genou droit et au fémur gauche. Des soldats allemands inconnus me relevèrent. J’appelai du côté de mon ami, je criai de toutes mes forces : rien ! Mon camarade alsacien fut sans doute touché à mort, puisque ses proches ne reçurent jamais plus de ses nouvelles, sauf l’appellation vermisst = disparu. Je ne pourrai jamais oublier cet épisode.

M’étant séparé de mon unité qui retraitait en Prusse-Orientale, je me suis rendu aux Russes le 9 février 1945, à la première occasion, avec huit autres inconnus. Si le premier contact avec les jeunes combattants ennemis au front fut correct, cela ne fut plus le cas le lendemain, ni après, avec les autres gardes. Au cours d’une marche-calvaire de trois jours nous expédiant vers l’arrière, les prisonniers, récupérés dans d’autres secteurs du front, devenaient de plus en plus nombreux à chaque croisement de route. Un vrai troupeau de bétail !

Il fallait toujours avancer, sans nourriture et sans soins. Dès qu’un camarade tombait ou relâchait seulement un peu sa cadence, les gardes russes lui tapaient violemment dessus. Certains prisonniers étaient légèrement blessés ou malades. De petites charrettes tirées par des chevaux et conduites par des Mongols nous croisaient parfois. Affamés, épuisés, assoiffés, nous leur mendions un peu d’eau, un peu de pain. Nous remarquions de suite à qui nous avions affaire : en principe, les jeunes soldats sortaient leur fouet ; les vieux, quelquefois, nous jetaient une croûte de pain. En voyant cette générosité, nos gardes-surveillants nous administraient des coups de crosse de fusil ou des coups de pieds en criant : « dawaï, dawaï. Germanski, niet kultura ! »

C’était infernal. La nuit tombée, on nous enfermait dans des granges évidemment bien gardées. Deux jeunes lycéens de 16 ans (même pas soldats), qui, faute d’expérience, voulurent sortir pour satisfaire un besoin naturel, furent criblés de balles et tués.

Avec notre moral au plus bas, les conditions hygiéniques s’avéraient lamentables et inexistantes. L’enfer, quoi !

Le premier camp provisoire, installé dans les restes d’une usine, fut le lieu le plus dur de ma captivité. Le froid et la faim y dominaient. Je reçus, au cours des quatre premières semaines de la captivité, un verre de jus de pomme de terre et une tranche de pain, avec en prime de désolation, un manque total d’hygiène que j’ai enduré en compagnie de malades laissés sans soins. Comme l’épidémie de la diarrhée contaminait tout le monde, la queue s’éternisait devant les latrines, en fait, des tranchées ou de simples trous. Les décès augmentaient en conséquence. Qui étaient ces camarades anonymes ? Faute de papiers militaires qu’on nous avait subtilisés lors des nombreuses fouilles, comment les recenser et connaître leurs origines ?

Après cet épisode, je passai quelques semaines à la prison de Wolhau. Dans une cellule prévue pour deux détenus, nous étions en réalité casés à neuf prisonniers dedans, couchés à même le béton les premières nuits. Après, on put se débrouiller avec des planches en guise de couchettes.

Plus tard, le camp de Breslau avec ses baraques gérées à travers une meilleure organisation (à savoir, plus de propreté, mais aussi des séances de propagande et beaucoup d’illusions) fut presque un sana, en comparaison de ce que j’avais vécu auparavant. Même si nos conditions de vie s’améliorèrent, la faim dominait toujours. Le plus dangereux était la perte de moral. Certains en mouraient. A Breslau, nous nous organisâmes en nationalités : Français, Polonais, Allemands. Très souvent, malgré les promesses faites et les slogans tenus, des Allemands furent libérés avant nous. C’était dur pour le moral !

Mon rapatriement vers la France eut lieu le 24 septembre 1945. »

Mattern Raymond, né en 1925


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