« 26 juin 1943, affecté dans la Flak (défense anti-aérienne 2cm) avec une période d’instruction passée en Prusse-Orientale.

J’ai été dirigé sur le front en septembre 1944 ; j’ai transité successivement, et par rapport aux retraites, d’abord par la Lituanie, puis la Pologne et enfin la Prusse-Orientale. Lors de la formation de ma nouvelle compagnie chargée de monter au front, j’en étais le seul Français. Bombardements aériens, feux de barrage, éclatement d’un obus à mes pieds (seul un petit éclat perfora mon visage et resta fiché dans le front, il est actuellement toujours en place dans le crâne !), une conjonctivite et l’absence de médicaments échelonnèrent mon parcours de combattant forcé. Parfois, après un Trommelfeuer, je me retrouvais seul à rechercher ma compagnie ; les supérieurs vous abandonnaient en première ligne, sans ordres.

Fait prisonnier le 25 mars 1945 dans les tranchées du terrain d’aviation à Heiligenbeil, je n’ai pas osé dire que j’étais Français, car mon prédécesseur dans la file qui avait décliné son identité tricolore fut abattu sur-le-champ. A ce moment-là, j’ignorais absolument que d’autres Français servaient l’armée allemande comme volontaires.

J’ai souffert de la soif en effectuant 17 jours de marche, de jour et de nuit, sans ravitaillement (sauf l’absorption de betteraves fourragères trouvées et mangées en cours de route, avec la hantise de contracter la dysenterie).

Camp de Tilsitt et dépendance de Ragnit : Les bastonnades et les coups de pieds humiliants assénés au derrière par des femmes russes m’occasionnèrent des hémorroïdes. (Ne pas pouvoir rester assis, ni debout, ni couché plus d’une heure à une heure et demie devenait un vrai supplice). Avec d’autres captifs, j’ai procédé au démontage de machines, à la récupération de bois, au déblaiement et à l’aménagement de bâtiments dans la ville sinistrée de Tilsitt. J’ai également débarrassé tous les équipements qui n’étaient pas scellés dans les bâtiments publics, j’ai déménagé les pièces lourdes ou légères provenant des usines et des ateliers, bref toutes choses pouvant être transportées au quai de chargement pour être envoyées en Russie.

Seul Français au camp, je n’ai jamais cherché à entretenir des relations suivies avec les autres prisonniers. Les avatars que j’avais connus précédemment m’obligeaient à cette prudente réserve, car je gardais en moi cette hantise d’être maltraité ou incompris. Je suis rentré au pays le 15 septembre 1945. »

 

Reininger Louis, né en 1920


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