Warning: "continue" targeting switch is equivalent to "break". Did you mean to use "continue 2"? in /var/www/vhosts/malgre-nous.net/httpdocs/templates/templatemalgre_nous/functions.php on line 197

« Septembre 1943 : instruction de fantassin passée dans la caserne de Zeitz, non loin de Leipzig, puis dans celle de Mitzizeck près de Brest-Litovsk. Partisaneneinsatz dans les marais de Pripet (Lutz, Kovel). 

Les combats étaient tellement intenses et dévastateurs en vies humaines que je me suis retrouvé dans plusieurs unités. Au début de Noël, ma compagnie, la 13ème, équipée de mitrailleuses lourdes, de mortiers et de canons de 75 mm à tube court, fut déplacée en camion à proximité de Gorodog, un important nœud de communications et point stratégique de première importance. Le front ressemblait à une demi-lune ; nous étions à l’extrémité droite du croissant. Au centre, une division S.S. (je crois me rappeler que c’était la Viking), dopée à l’alcool, attaqua par vagues successives, mais elle se fit faucher immédiatement par les mitrailleuses russes. Des centaines de mort gisaient au sol.

Après un bref répit, j’ai vu arriver des camions ennemis, munis de rampes qui envoyèrent l’un après l’autre leurs salves tonitruantes de fusées-éclair : c’est ainsi que j’ai fait connaissance avec les fameuses orgues-de-Staline.

Le 1er juillet 1944, j’ai été fait prisonnier à Nowo-Pokost au sud-est de Dunabourg après un tir d’artillerie de trois heures et demie. De Polotsk à Vitebsk, j’ai marché pieds nus, jour et nuit ; toutes les deux heures il y avait une pause de 10 mn, et toutes les six heures une halte d’une heure, sans eau, sans nourriture. Les besoins, il fallait les faire en marchant. Dès qu’on quittait la colonne, les Russes tiraient une rafale, sans préavis. Gardés par une sentinelle, les prisonniers exténués qui n’arrivaient plus à suivre devaient se coucher sur le bas-côté de la route. Pour se donner bonne conscience et calmer notre inquiétude, l’escorte nous affirma qu’ils seraient évacués sur un hôpital. Affreux mensonge ! Après une certaine distance effectuée par la colonne en marche, nous entendions la rafale et peu de temps après, la sentinelle rejoignait le troupeau.

Après avoir participé au déchargement de wagons remplis de sucre français et de parachutes à Bobruisk, j’ai été ensuite impliqué à Vitebsk dans le Wasserkommando (flottage de bois sur la Duna), puis dans une fabrique de contreplaqué installée sur les rives du fleuve. Enfin, j’ai été dirigé vers une centrale électrique installée au bord de la Berezina et chauffée avec de la tourbe.

Le camp était gouverné en interne par des officiers allemands qui faisaient la pluie et le beau temps et qui n’ont eu de cesse à nous opprimer sans arrêt. Ainsi, ein Herr Doktor refusait de prendre en considération toutes blessures ou maladies dont aurait pu se plaindre un Alsacien-Lorrain. Avec une pneumonie bilatérale et 40°C de fièvre, je me suis présenté chez le médecin russe, malgré l’interdiction que m’avaient faite les officiers allemands. C’est le praticien russe qui fit le nécessaire pour me faire évacuer à Letzi (distant de 26 km de Vitebsk) sur un camion sans bâche, avec une couverture comme seule protection contre le froid. Je ne sais rien du tout des neuf jours que j’ai passés au lazaret. Attaché par des sangles, je me débattais au plus fort de ma pneumonie ponctuée d’une fièvre carabinée, je l’ai su beaucoup plus tard. Manquant de médicaments, les prisonniers allemands m’ont soulagé avec des décoctions de plantes. Sur le chemin du retour, nous avons encore dû couper et transporter de gros glaçons pour un kolkhoze à Odessa.

En mars 1946, j’accusais un poids de 43 kg à Sankt-Valentin, camp situé sur la ligne de démarcation. Constatant avec effroi les dégâts occasionnés par l’internement, les Américains ne nous ont pas acceptés à cause de la sous-nutrition et de la gale. Le scorbut avait déchaussé toutes mes dents. Mon unique devise : « essayons de revoir le pays malgré la sous-nutrition et le manque de soins dont nous souffrons ici », cette seule pensée, je crois, m’a permis de tenir le coup ! Jeunesse sacrifiée, nous étions entre le marteau et l’enclume de deux systèmes, ou plutôt entre la brutalité de l’appareil militaire nazi et l’inhumanité politico-militaire soviétique.

Un frère de ma femme (né en 1924) est tombé sur la presqu’île de Kertch. Un second frère, né en 1919, a été fait prisonnier par les Allemands dans la région de Bordeaux en juin 1940. Mobilisé après les fameux décrets du Gauleiter Wagner, il a refusé d’endosser l’uniforme de la Wehrmacht. Caché dans la forêt et parfois chez des fermiers sur les hauteurs vosgiennes, il est mort en 1949 des suites de privations. »

Rominger Jean-Pierre, né en 1924


Warning: Parameter 2 to modChrome_artblock() expected to be a reference, value given in /var/www/vhosts/malgre-nous.net/httpdocs/templates/templatemalgre_nous/html/modules.php on line 39

Warning: Parameter 3 to modChrome_artblock() expected to be a reference, value given in /var/www/vhosts/malgre-nous.net/httpdocs/templates/templatemalgre_nous/html/modules.php on line 39

© 2015-2024. Tous droits réservés.

Console de débogage Joomla!

Session

Profil d'information

Occupation de la mémoire

Requêtes de base de données