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 « Fin avril 1945, il apparaissait évident à tout le monde que la guerre allait se terminer d’un jour à l’autre. Mais c’est précisément à cette période que j’ai encore été envoyé d’autorité, un peu comme un soldat de minuit moins cinq ! dans les combats désespérés pour défendre la ville de Brunn. Aussi ai-je éprouvé la hantise d’être mutilé en pure perte, voire l’appréhension redoutée d’être tué au dernier moment. Ma désertion ayant été mûrie de longue date, j’avais également peur de ne pas trouver l’occasion idéale de m’évader sans être repéré et abattu par mes supérieurs.

Mais notre traumatisme initial fut l’incorporation de force avec ses durs mois de formation, son lot de continuelles brimades, les vexations, la dureté caractéristique prussienne et la rage impuissante au cœur que nous éprouvions constamment et dont on ne pouvait se libérer. J’ai déserté à l’occasion d’un mouvement de repli nocturne et je me suis caché chez des civils de ma connaissance jusqu’à l’arrivée des Russes.

Après l’occupation de Brunn, tous les prisonniers allemands furent dirigés à pied sur Trnava. Nous avons marché plusieurs jours par monts et par vaux, presque sans nourriture et surtout pratiquement sans eau. Nos sentinelles, avec leur mitraillette tenue continuellement en bandoulière, ne toléraient pas que l’on sorte des rangs lorsqu’un ruisseau ou un quelconque point d’eau se présentaient. A notre arrivée au camp de rassemblement, nous étions tous déjà physiquement très éprouvés.

Pendant le transport en wagons-à-bestiaux verrouillés qui dura plus d’une dizaine de jours, nous avons surtout souffert de la chaleur. Les premiers symptômes de dysenterie s’y manifestèrent. Une fois par jour lors d’un arrêt, la porte du wagon coulissait pour permettre la distribution de pain sec et d’eau. Nos besoins, nous les faisions au centre du wagon, dans un entonnoir placé dans un trou de plancher. Au cours d’une halte, un garde russe devenu subitement fou-furieux pour une raison inconnue, monta dans notre wagon et assomma le premier venu avec son revolver. Satisfait de voir couler le sang, l’enragé surveillant referma la porte et s’éloigna.

Au camp de Sighet situé sur la frontière roumano-russe et dans celui de Slatina en territoire russe, nous avons été contraints à de durs travaux : mise en place du ballast et pose de rails de chemin de fer sur des voies à grand gabarit, transport de troncs d’arbre effectués à dos d’homme, diverses corvées à l’intérieur du camp, aménagement d’étages intermédiaires fabriqués avec des madriers que nous installions dans les wagons et qui étaient destinés au transport des prisonniers valides vers l’intérieur de l’URSS. Cet agencement, une conception typiquement russe, avait pour but de doubler la capacité desdits wagons-à-bestiaux ; des inscriptions cyrilliques écrites sur les parois ajoutaient au mystère de la destination des transports.

A Sighet (qui est un camp non reconnu comme lieu de captivité) et à Slatina, la chose la plus affreuse était la famine. La ration journalière était d’environ un demi-litre de soupe de petits pois ou de haricots et un morceau de pain tout noir et humide, avec en plus, une cuillère à soupe arasée de sucre cristallisé.

Pouvoir faire du rendement dans ces conditions était pratiquement impossible ; de ce fait, l’on était constamment harcelé de dawaï-dawaï-bistra par nos sentinelles. Les ravages engendrés par les maladies (principalement des oedèmes et la dysenterie) nous inquiétaient particulièrement.

Le fait de ne pas avoir été séparé des hordes prussiennes captives ne nous laissait pas entrevoir un prochain rapatriement et cela nous devenait moralement insupportable et incompréhensible avec le temps qui passait.

Le commandement et la gestion du camp étaient exclusivement assurés par le Russe, personne n’avait d’ailleurs intérêt à broncher ou se rebeller. J’ai été admis au lazaret de Sighet pour une hépatite virale. En dehors d’un repos complet et d’une alimentation plus adaptée, les soins prodigués y étaient inexistants. La maladie qui faisait le plus de ravages était la dysenterie et je n’ai pas été épargné par ses assauts insidieux…..

 

Le 8 mai 1945, lorsque nous apprîmes que la guerre était finie, je ressentis une immense joie. J’avais sauvé ma peau au dernier moment et maintenant les Français allaient faire le nécessaire pour nous sortir de là au plus vite, pensai-je. Hélas, trois fois hélas, les mois s’écoulèrent et en août rien n’avait bougé. Alors, un doute affreux s’installa de plus en plus en moi, car physiquement et maintenant moralement j’étais à bout. Heureusement qu’en septembre commença enfin la sélection des Français, Belges, Luxembourgeois et Hollandais. Le moral revint, mais que l’attente du départ fut longue encore. Quel supplice ! J’ai été rapatrié en France le 3 novembre 1945. »

Sattler Jean-Louis, né en 1923


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