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«Le 9 mai 1945, juste avant midi, une troupe de dix cavaliers mon¬gols arriva dans la caserne. Elle se précipita dans le poste de commandement pour faire main basse sur tous les objets intéressant des vainqueurs avides. Nos armes et munitions furent jetées sur un tas impressionnant de trophées inutiles. Nous fûmes fouillés dans l’après-midi par le gros de la troupe : les montres restaient l’objet le plus convoité. D’autres soldats à la recherche de trésors de guer¬re nous assaillirent durant la première nuit. Histoire de nous intimider alors que nous dormions sous les tentes et dans le but de faire fuir notre garde d’escorte, ils n’hésitèrent pas à tirer des coups de fusil pour nous dépouiller complètement : bottes, pantalons, effets personnels et rations furent récupérés par ces pillards.

Les premiers jours furent utilisés pour effectuer des marches épuisantes (50 km de moyenne). Nullement affectés par les privations, nous pou¬vions soutenir de telles épreuves. Les boîtes de conserve que nous avions emportées lors de la destruction des stocks nous permettaient de tenir la route. Par contre, la soif nous causait des tourments cruels : un après-midi, des prisonniers assoiffés sautèrent tout habillés dans un lac, où ils coulèrent à pic, frappés d’hydrocution. Je me gardais de boire le moins d’eau polluée possible. 

Le quatrième jour, un grand rassemblement suivi d’un énième écrémage eut lieu : notre menu argent, les photos, les petits souvenirs attachants et les gamelles changèrent de propriétaires. Nos réserves ayant été avalées, il fallut vivre à l’économie spartiate : aucune goutte d’eau, plus aucune nourriture ne nous parvenaient. Nous arrivâmes bientôt dans un immense camp regroupant quelque 200 000 prisonniers, d’où l’on extrayait des commandos de travaux ventilés vers d’autres mini-bases.  

Dans le Lager n° 1, nous devions récupérer au bord d’un lac les troncs charriés par le courant et les charger sur des wagons. Durant six semaines, matin et soir, une sempiternelle soupe de poisson nous fut dis¬tribuée. 

A midi, rien, sinon à engloutir l’alimentation spirituel¬le vantant les mérites du camarade Staline serinés par un inconditionnel supporter marxiste. Des civils venaient parfois nous chercher en camions GMC pour effectuer de menus travaux dans les champs. Des pommes de terre étaient alors les bienvenues. J’avais prétendu être paysan et non mineur par peur d’être envoyé dans les mines de l’Oural. Rubeck, mon compatriote, en se définissant comme artisan peintre, partit retaper les casernes de Reval : il ne rentra qu’en mars 1946.

Le camp n° 2 devint, à la mi-juillet, mon nouveau pied-à-terre. Les rats se poursuivaient au-dessus de nos têtes et jouaient à cache-cache dans les tentes incommodes. L’ennui était qu’il fallait maintenant travailler dans des bâtiments abritant des unités asiates. Le net¬toyage de leurs équipements était épuisant. On devait éviter de les toiser du regard, les cavaliers aimaient nous chicaner et n’hésitaient pas à nous envoyer de solides coups de pied au derrière. Un mois plus tard, je fus embarqué dans un Abtransport où durant deux jours je restai cloîtré sans soins dans un wagon. Un Allemand de service nous avait signalé un transfert vers la Sibérie ! J’étais bien malheureux à l’idée d’être expédié si loin de mes racines. Heureusement que la locomotive, sans doute tombée en panne, n’arriva jamais à destination !

Puis je fus expédié dans un nouveau camp. Pendant trois semaines je fis partie d’un Holzkommando. Un officier russe nous traita de « Pétainistes » à la solde de Hitler en voyant nos lisérés tricolores. On les enleva aussitôt de peur d’être taxés de merce¬naires à la solde des Nazis. Là-bas, je remplis un questionnaire explicite sur mon pays d’origine. Des Sarrois se reconnurent également Français. Début septembre, en avalant une marche de 60 km, nous ralliâmes Riga. La ville en ruines accueillait des escouades d’innombrables travailleurs : mon équipe y posa des rails pour tramways. On nous parqua bientôt à plus de mille prisonniers pour le rapatriement. Nous attendîmes deux jours durant le train-fantôme. Faute de bois, la machine à vapeur ne pouvait activer ses bielles et encore moins circuler. Enfin début novembre, alors qu’on n’y croyait plus, un convoi se prépara pour nous embarquer. J’avais contracté un début de dysenterie suite à l’ingestion d’herbes gelées. Du charbon de bois régula les effets de la maladie. Le pain qu’on nous distribua alors sentait le pétrole et nous gonflait le ventre comme d’éminents sumotori (mais la comparaison s’arrête là). A Francfort-sur-L’Oder, certains de nos camarades tombèrent comme des mouches après l’administration de piqûres. Des centaines de morts furent enterrés là¬-bas. Les W.C. étaient devenus d’infects cloaques où la misère de l’emprisonnement se déversait. 

A Charlottenburg, les Anglais prirent la relève. La Croix-Rouge nous accueillit à bras ouverts ; des médecins s’occupaient en priorité des hommes très malades. »

Schmitt André

 


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