« Le22 mai 1943, j’ai démarré ma formation comme grenadier-fantassin avant de partir à Baranowice, en Russie Blanche.

A partir du 26 novembre 1943, j’ai servi dans les régions de Kiev, de Jitomir et de Buczacs ; j’ai aussi combattu les partisans dans les secteurs de Vitebsk, de Stolpce et de Borissov. En septembre-octobre, plusieurs camarades furent retrouvés mutilés par les partisans d’une façon horrible ; je voyais arriver mon tour. Aussi, ai-je déserté mon unité pendant un mois. Repris par les Allemands, je fus enfermé à Lemberg, Carnow et Baumholder. Je m’évadai à nouveau. Arrêté, on me condamna à 15 ans de prison avec possibilité de me racheter au front. Muté dans un régiment disciplinaire, j’ai participé à plusieurs attaques avec cette peur continuelle de la mort incrustée en moi, avec cette terreur de rester blessé dans un trou sans pouvoir compter sur des secours. J’ai dû défendre chèrement ma peau en participant à des corps-à-corps durant deux périodes terribles (l’une allant du 15 janvier au 29 mars 1944 et la seconde s’étalant du 17 septembre 1944 au 11 janvier 1945).

Nous avons traversé un champ de mines pendant une attaque. J’ai été blessé par des éclats sous l’œil droit, au bas-ventre et à la main gauche.

Les derniers combats auxquels j’ai participé se situaient à Proskurow et à Kamenets-Podolsk. J’avais été porté disparu près de Szloboda, d’après une lettre écrite par mon capitaine et parvenue à mes parents le 13 avril 1945.

Ma capture datait, en fait, de la mi-janvier 1945 ; elle était survenue près de Lodz en Pologne, lors de la retraite de mon unité. Après les interrogatoires sévères, j’ai été dirigé vers un camp de transit.

Pendant les marches forcées, je n’avais que des chiffons aux pieds, car les bottes m’avaient été volées.

Au stade de Lodz, je me suis trouvé parmi des milliers de prisonniers, la faim au ventre. Pendant neuf jours, nous n’avons ni mangé ni bu. Je me roulais à terre tant les douleurs au ventre me torturaient.

J’ai effectué de courts séjours dans les camps de Walk, d’Onega, d’Arkhangelsk avant d’arriver à Tambow. La dysenterie m’a tenu compagnie lors du transfert des régions polaires du nord vers la Russie du sud. Les piqûres administrées me gonflèrent le ventre et la tête. J’ai retrouvé un camarade avec un bras en moins. Ayant connu le cachot, la corvée de latrines trois fois et le dur travail dans la forêt sans bénéficier de nourriture appropriée,j’étais hanté à l’idée de mourir au lazaret. J’ai été rapatrié le 24 octobre 1945. »

Schwethler Charles, né en 1925

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