« Période d’instruction militaire passée en Autriche dans un bataillon d’infanterie (départ de chez moi le 16 janvier 1943) puis arrivée en octobre dans la région d’Orcha.

Date de ma capture le 30 novembre. Nous étions deux à partir en captivité, un copain natif du même village que moi mais qui devait malheureusement déjà décéder à Tambow le jour de Noël 1943. J’allais rester 23 mois dans cette géhenne. Je crois que chaque prisonnier, dès son appréhension, a enduré son calvaire en marchant des journées entières dans la boue, la neige et le froid. Les deux premiers jours, nous n’avons rien eu à manger. Puis, la colonne captive s’agrandissant, nous avons traîné ceux qui n’en pouvaient plus, tout en évitant les coups des convoyeurs russes qui marchaient à côté de nous.

Tambow : atteint d’une pneumonie, je fus admis au lazaret n° 105 le 16 janvier 1945 en y délirant durant une semaine. Fin mars, je quittai le lazaret pour être évacué sur Kirsanow. Pendant mon hospitalisation, dans ma baraque, j’en ai vu mourir des malades tous les jours : 4, 5, et même 6 sur un effectif de 35 patients. Cette hécatombe dura jusqu’à début mars. Tous ces malheureux étaient atteints de pneumonie et de pleurésie.

Les privations en soins, en nourriture, on peut les oublier mais non nos camarades et tous ces inconnus morts à nos côtés. Dur labeur au kolkhoze et abattage d’arbres en forêt figurèrent à mon programme de travail.

 Le voyage effectué en convoi de quatre wagons mit 2-3 jours pour rallier Kirsanow.

Sur un effectif de 145 malades, 35 moururent durant le trajet ; dans mon wagon, 9 inconnus avaient trépassé.

 

Je suis rentré le 7 novembre 1945. »

Stoffel Jean, né en 1924