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« 21 mai 1943 : départ dans un régiment d’infanterie à Hamburg (ville bombardée en août 1943). Affecté dans les secteurs de Berditschew-Kiev fin novembre 1943, je collectionnai de nombreuses patrouilles à mon actif.

Pendant une retraite, un camarade et moi perdîmes contact avec notre unité au cours de la nuit. Errant dans la campagne, nous fûmes capturés par des S.S. qui nous prirent pour des déserteurs. Pour sauver nos vies et nous réhabiliter, ils nous enrôlèrent : nous devions les aider à contre-attaquer. Ils nous firent monter sur des canons anti-chars après nous avoir expliqué leur fonctionnement. Ils réussirent à faire sauter quelques blindés russes. Mais, vu le surnombre ennemi, ils arrêtèrent les combats et nous enfermèrent dans une cave obscure, munie d’une trappe. 

Une fusillade éclata alors à la nuit tombante ; on sentait les fumées d’un incendie. Frappés de peur, nous nous terrions dans l’obscur abri au milieu des cris et des explosions. Vers le matin, nous réussîmes à nous extraire du trou. Plus âme qui vive ! Toute la population avait été massacrée, le bétail aussi. Des corps de S.S. gisaient çà et là.

Grâce à une boussole, nous pûmes retrouver des unités allemandes en pleine déroute et qui battaient en retraite. Nous fûmes arrêtés au soir, devant un grand fleuve ; le pont était miné et les mèches se consumaient. Que faire ? 

Pris de panique, je me hissai avec un copain sur un panzer qui cherchait à se frayer un chemin difficile dans la cohue. Nous parvînmes à traverser in extremis le pont. Cinquante mètres à peine après son franchissement, une détonation épouvantable secoua les airs. Des corps furent projetés alentour, les cris des blessés ajoutèrent à la désolation. L’obscurité naissante nous épargna la vision affreuse du spectacle. Je pensai aux blessés, aux noyés, aux morts qui n’eurent pas ma chance, jamais je ne pourrai les oublier. Une nuit, je la situe fin décembre 1943, une patrouille russe avait rampé presque à hauteur de nos positions, sans coup de feu. Mais comme j’étais resté très vigilant, je suspectai leur présence, alerté par un bruit. Je tirai aussitôt avec ma s.M.G.42 (schweres Maschine Gewehr = mitrailleuse). Une balle ennemie percuta mon casque, me secouant violemment la tête. Nous pûmes stopper l’incursion russe. Les gaillards d’en face voulaient profiter de la surprise et nous assassiner silencieusement, avec leurs couteaux et baïonnettes, sans livrer de combat. Le 3 janvier 1944, à l’ouest de Kiev, je fus arrêté par une patrouille russe, en partant à la Feldküche (roulante) toucher les rations de mon équipe.

Faisant partie d’un groupe de prisonniers en route vers Kiev, nous dûmes marcher par un vent glacial, sous des températures frisant les – 20°C. A la halte du soir, après la distribution de deux tranches de pain dur et l’absorption d’eau tiède, on nous faisait engouffrer dans une baraque ou dans une étable. 

Une charrette tirée par deux chevaux suivait la colonne pour ramasser les défaillants qu’on n’a d’ailleurs plus revus. Nous avons vite compris que notre survie allait dépendre de notre volonté de combattre le mauvais sort et de notre rage à vouloir surmonter l’épreuve. Si nous ne marchions pas assez vite, les gardes nous poussaient à coups de crosse. En chemin, l’idée me traversa l’esprit que nous étions tombés au rang des bêtes.

Je restai prisonnier 20 mois et je connus les camps de Kiev, de Koursk et de Volsk (n° 265). Des ennuis de santé (malaria, dysenterie, pneumonie, pleurésie) me firent admettre dans les lazarets de Koursk et de Volsk. Entre autres affections, mes yeux coulaient, (les paupières restaient collées ensemble au matin) et les oedèmes gonflaient mes jambes. Un bon moment (deux mois), j’ai travaillé en forêt pour couper et transporter le bois destiné aux cuisines par – 25°C. Mais, vu la malnutrition, le travail demandé était trop pénible, surtout dans une neige épaisse parfois d’un mètre. Aussi fallait-il remplacer les prisonniers défaillants tous les jours. Beaucoup ne comprenaient rien au travail de bûcheron. Les quantités de bois nécessaires à fournir pour atteindre la norme étaient dures à respecter et encore moins à honorer. Les gardes russes restèrent cependant assez humains avec nous dans ce domaine. Un grand souci de survie m’a toujours motivé pour vaincre la fatalité et revoir ma patrie. J’ai un frère qui est porté disparu depuis novembre 1944. »

Valentin Maurice, né en 1923

 


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