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Incorporation de force dans les serres de l’aigle du Reich

En un rappel historique succinct, il m’apparaît judicieux de retracer le pourquoi et le comment du drame de la captivité des incorporés de force alsaciens-mosellans. Saignée à mort à Stalingrad, la Wehrmacht cherchait de nouveaux hommes-ressources. Les ordonnances des Gauleiter Wagner pour l’Alsace, Bürckel pour la Moselle et Simon pour le Luxembourg furent promulguées vers la fin août 1942, en violation du droit international. Elles rendaient obligatoire le service militaire dans l’armée allemande. Si le drame régional des 132 000 Muss Soldaten est fort méconnu chez les Français de l’Intérieur, il est aussi vilipendé par les victimes du nazisme qui ont cru voir dans ces appelés forcés de dociles serviteurs à la solde de Hitler. Qu’il y ait eu quelques brebis galeuses dans nos trois départements de l’Est (en fait, très souvent des fils de fonctionnaires sarrois), nul ne le conteste mais il faut alors, aussi, dire haut et fort que leur nombre 
représente infiniment moins que les milliers d’antibolcheviques français venus de la métropole étoffer à travers la presse fanfaronne de Vichy les rangs des Waffen S.S. ! L’immense majorité de ces jeunes Schpountz fut envoyée sur le front de l’Est comme Kanonenfutter. Beaucoup furent faits prisonniers par l’armée soviétique, soit au combat, soit après évasion des lignes allemandes. Tract en main, les courageux transfuges espéraient survivre en participant à la lutte dans les rangs alliés. Une grande partie des Alsaciens-Mosellans, des Belges et des Luxembourgeois fut regroupée dans le camp 188 de Tambow. 
 
Appelé pompeusement camp des Français, cet home-de-la-décomposition-humaine avait la particularité d’héberger plusieurs autres nationalités, -la plupart étaient des ressortissants des armées défaites de l’Axe- et il vit même arriver des captifs japonais durant l’automne 1945. Tambow ne fut toutefois pas le seul Lager de détention ; en effet, de nombreux Malgré-Nous séjournèrent dans une ribambelle de camps établis du cercle polaire aux confins de l’Oural, sans oublier les camps européens gérés par les tentacules de l’Armée Rouge en Pologne, en Roumanie ou en Hongrie. Victimes de deux dictatures qui s’étripèrent monstrueusement, les Zwangsrekruten d’Alsace et de la Moselle, soldats-du-trop-tard et du-trop-peu, vécurent leur Golgotha, étranglés dans les intraitables serres de l’aigle nazi d’une part et écrasés de l’autre par les griffes de l’oUrss’.
 
Nous savons qu’au jeu du chat et de la souris, la proie lacérée par les griffes meurt souvent saignée à petit feu ou cherche désespérément à échapper à son triste destin. Inébranlables face à leur détresse, des milliers de gars de l’Est revinrent au bercail, lessivés moralement et physiquement, après avoir été libérés des crocs de la Bête geôlière. Passant en revue leur douloureuse rétrospective, trop longtemps passée sous silence après guerre, les enfants des rives de la Moselle et du Rhin, lâchés par la lâche France de Vichy, en voulurent à la Nation d’avoir sacrifié leur jeunesse anéantie dans la honteuse abdication de l’Armistice. L’incorporation de force nazie, sous menace de déportation à l’encontre de la famille en cas de désertion du fils, n’étant pas seulement une violation des Droits 
de l’Homme mais également un crime de guerre, il eût été tout indiqué que ceux qui furent contraints de s’y résigner et de par là, capturés sur le front russe, bénéficiassent du statut de déportés par la Wehrmacht !
 
Mais aucun gouvernement français après la Libération ne se soucia de l’établir, au vu de leurs malheurs vécus qui auraient dû inciter la République à s’intéresser avec bien plus d’estime à cette catégorie de victimes de guerre. Issus des modèles de démocraties contraires au léninisme, les prisonniers français payèrent un lourd tribut à la russianité et à ses sortilèges corrosifs : obéissance, endoctrinement, sévices et travail de force conduisirent à leur chemin de croix. Certaines dépositions recueillies par le 2 ème Bureau à Chalon-sur-Saône en automne 1945, au moment du rapatriement des captifs français, nous donnent un bref aperçu des exactions commises par les troupes soviétiques assoiffées de vengeance. Les rapports secrets concernant les conditions épouvantables de la 
détention, auxquelles ne furent pas étrangers certains fieffés kapos alsaciens-mosellans, relèvent encore d’une prescription dissimulatrice. 
 
Le drill prussien 
 
« Les brimades me poursuivent à l’arrière du front. Passe encore à la caserne, où ne parlant pas un traître mot d’allemand, je ne savais pas répéter les noms des pièces démontées d’une arme ! La récitation s’apprenait laborieusement après une série époustouflante de pompes. Mais ici, au contact de l’ennemi, l’abominable orgueil prussien garde toute sa valeur auprès d’officiers bornés. 
 
« Wie heissen Sie ? Comment vous appelez-vous ? beugle le lieutenant de garde. 
- Soldat Richter, lui dis-je, tout soumis, avec mon accent français. 
- Was sagt er ? (que dit-il ? vous noterez la forme impersonnelle employée par le gradé, Ndr). 
- Soldat Richeterre, lui bredouillé-je, vaguement inquiet pendant que je soigne mon intonation. 
Nein, SSSSoldattt’ Richtar » gueule le grammairien rubicond au bord de l’apoplexie. La monture de ses binocles stylés sursaute d’indignation sur son nez. J’apprends, à mes dépens, que mon patronyme d’origine germanique peut varier d’intonation suivant de quel côté du Rhin on se trouve. « Des pompes pour le Français qui se croit intéressant et qui ne veut pas apprendre la langue de ses aïeux ! » 
 
Oui, je suis devenu un Schnapphahn, un coquelet happé par l’appareil militaire (à ne pas confondre avec chenapan) loin de sa terre natale et qui garde solidement ancrées en lui ses racines d’apatride. Notre fierté de Mosellans rétrogradés, de Français en suspension, essaie ici ou là d’émerger, mais que rétorquer, pourquoi protester lorsque chaque soir, à l’heure des patrouilles, les volontaires, pas plus volontaires que les Allemands, sont toujours les braves Lorrains envoyés au casse-pipes ! Revenant un soir du front, on me charge avec trois autres sentinelles de garder les écuries. Les chevaux sont un bien précieux, ils méritent une surveillance accrue. 
 
Que faire sans ces bêtes providentielles ? Elles nous sont utiles pour le convoyage des armes, l’approvisionnement en munitions, le portage des blessés et surtout ... la fuite rapide en cas d’attaque réglée. Je dois monter la garde auprès des stabulations. Intrigué par un bruit provoqué à l’intérieur, je m’avance dans la 
pénombre. Avec une main je tiens la grosse lampe de poche tandis qu’avec l’autre je pointe le Mauser. Un cheval essaie d’extraire hors d’une travée sa patte retenue prisonnière. M’arc-boutant avec le dos sur un mur de foin, je libère la bête de sa position fâcheuse. A peine sorti de l’abri, je tombe sur le lieutenant de garde qui prétend m’avoir vu dormir dans la paille en constatant des brins de foin sur mon échine. Dans un allemand approximatif, j’essaie de lui en expliquer la raison, gesticulant plus que causant afin d’être à la fois démonstratif et expressif. Rien à faire! Mon explication embrouillée, j’ai dû la ravaler et venir mit Sack und Pack au poste dans la demi-heure qui suit. 
 
Seul un adjudant quadragénaire, plus cordial, trouve grâce à mes yeux. Il baragouine un peu de français pour avoir été étudiant à Mètzzz. « Roberte, me dit-il, je fois à da minn’ défaide que du as bassé un tzal momènte ! » Et je lui raconte ma mésaventure avec l’officier de garde. Ayant dû me présenter dans son bureau, le salaud m’a fait passer une séance tordue d’exercices dans la prairie voisine ; j’ai passé le plus clair de ma punition dans le crottin nauséabond, à ramper comme un fait exprès dans un trou, genre fosse à purin. Le plus terrible a été la course endiablée avec le masque à gaz chaussé sur ma tête congestionnée par l’effort. A un moment donné, je me suis étalé dans la boue, plus mort que vif. Advienne que pourra. Le gradé m’a asséné des coups à réveiller un mort, mais je n’ai pas bougé. De guerre lasse, peut-être aussi vaguement inquiet, il m’a planté là en hurlant : « Nous te ferons tout petit, Sau Franzosenkopf ! » Richter Robert+ 
 
La captivité : Cayenne et géhenne réunis 
 
Dans les griffes de l’oUrss, les braves survivants ont épilogué sur leur incorporation de force mais surtout sur leur captivité dans des autobiographies révélatrices des souffrances endurées. Qu’en ressort-il de ces témoignages au couteau que le temps peine à cicatriser ? La via dolorosa débouchant pour des milliers sur un Golgotha mortel ! 
 
Le marche-ou -crève de l’animal humain dans les colonnes de désolation ramenées de l’arrière du front éliminait de nombreux éclopés, victimes des gardes qui liquidaient par fureur d’âme et par soif de vengeance les plus affaiblis. Il valait mieux rester proche des hommes d’escorte pour éviter le rentre-dedans d’hystériques tankistes ou échapper à la noire colère des civils armés de fourches, hostiles lanceurs d’avoinée de pierres ou écumants postillonneurs de crachats. Durant les trajets en wagon, le sadisme des konvoïs consistait à distribuer des harengs fumés et du pain dur en plein été ; cette ration sèche déshydratait encore davantage l’organisme car la soif demeura de loin le pire ennemi du bétail humain. Un seul seau par wagon ! car trop de boisson distribuée aurait provoqué bousculade et pagaille monstre au grand déplaisir de l’escorte chargée de ramener l’ordre ! On léchait en conséquence les ferrures intérieures que la condensation avait perlées d’humidité bienveillante.
 
Le transport par voie ferrée véhiculait une hygiène déplorable ; l’affaiblissement physique s’aggravait avec le syndrome de l’enfermement. Enjambant les cadavres empilés qui avaient servi de calfeutrage au froid glacial, tombant sur le ballast dès la porte coulissante ouverte, des êtres qui avaient presque cessé de l’être, au visage émacié, remerciaient le Ciel d’avoir réussi miraculeusement à supporter les aléas catastrophiques du trajet interminable. Mais le pire ne faisait que venir ! La matière humaine malaxée à l’idéologie communiste allait progressivement se transformer en cadavre ambulant et en carcasse du non-être. Pour ces cadenassés de la vie captive, les calamités, pires que les plaies d’Égypte que peuvent endurer des prisonniers, y assaillirent des milliers de reclus. La présence de mouchards cassait l’homogénéité des groupes et l’esprit de camaraderie. 
 
Le dosage alimentaire entretenait juste le travailleur épuisé tandis que l’habillement riquiqui couvrant les bêtes d’infortune s’avérait inadapté aux conditions atmosphériques. La crasse enveloppait, à l’image des écailles de poisson, la peau des tordus par les souffrances. Tous les témoins sont unanimes pour affirmer que la faim et la soif furent une réelle horreur. En guise de repas, les pains spongieux et la soupe aqueuse parfumée aux chiures de punaises constituaient bien souvent le seul mets lorsqu’il en restait suffisamment dans le chaudron, après les vols et les détournements perpétrés par des spécialistes zapzerapeurs (voleurs) et certains entretenus du système. Hooliganées contre de la vodka et de la mahorka (tabac) par des intendants corrompus ou par des gardiens témoignant leur répugnance profonde à allouer des rations à leurs ennemis jurés en pensant à leurs propres familles affamées, les vivres, rares de surcroît, bipassaient souvent dans des circuits parallèles de distribution. 
 
Quenelles-au-bout-de-la-fourchette-de-papa-Staline, les captifs allaient servir de chair-à-industrie dans de titanesques chantiers dignes du travail d’un Romain. Nos pantins, robotisés par le système concentrationnaire, furent attelés au formidable bond-en-avant de la Machine infernale. Routes, villes, canaux, voies, tourbières, usines, combinats, kolkhozes parsemèrent les exils intérieurs de cette retraite en Russie profonde. 
 
Classés comme Stalinspferden (Pferd=cheval), les portefaix rompus à toutes les charges, sucés aux quatre veines, s’identifiaient aux crevards, ces individus vidés, exsangues, aux extrêmes limites de résistance qui mouraient au bout de 2-3 jours de présence au lazaret. A Karaganda, le mineur hanté par la peur de ramper dans le trou terrifiant des veines de charbon, ne laissait rien paraître sur sa gueule noire de l’effroi vécu, au sortir du puits archaïque. Faute d’avoir manifesté une attitude honnête envers le travail sacré, le condamné voyait sa portion de survie réduite au vu de la norme non atteinte. La loi du débrouillard culotté et individualiste qui faisait semblant ou qui bossait le moins possible dominait dans le SYSTEME vénal du Gupwi*. Il en résultait un sabotage économique permanent et largement déficitaire au regard de la planification quinquennale. Le faire-semblant ronronnait de bien-être fausset, on pigeonnait à merveille et sans scrupule son prochain. On truandait l’autre ; la norme non atteinte allait réclamer une charge supplémentaire de travail aux larbins de service.S’apercevant très vite que le gaspillage dépassait largement les seuils de rentabilité exigée par les stakhanovistes de la Révolution rouge, chaque captif arnaqué cherchait à devenir à son tour un routinier partisan du moindre effort. 
 
A côté d’une industrie déraisonnée qui polluait mortellement des contrées entières (la région pelée autour de Kouïbychev par exemple), avec la toufta, ce système vénal de tromperie sur la quantité et la qualité du travail fourni et le primitivisme constaté un peu partout, le Pays s’enfonçait dans la désolation. Faire proliférer du blé aux limites de la toundra gelée, c’était le défi fou lancé par des agronomes cinglés à la Nature et que jetaient fatalistes, les semeurs aux larmes de glace sur la banquise terrestre mordue par le gel. L’absence de mécanisation performante fondait insidieusement la masse captive ; pour la plupart des activités, très pénibles en passant, on employait des instruments primaires qui immobilisaient plus qu’ils n’encourageaient les rendements. 
 
Dans les kremlins boisés, et principalement à Tambow, les ratatinés par le boulot broutaient goulûment leur nourriture de moineau. « Quand un loup a faim, il mange des mouches ! » Ce proverbe russe donnait ici tout son sens à la polyphagie. Sujettes à l’inondation au moment du dégel, les cabanes enterrées et basses, semblant comme écrasées par la misère et la rudesse des matériaux naturels utilisés, en confortaient l’insalubrité. Les vermines au pluriel avaient vite trouvé leurs peaux de prédilection et avec la promiscuité sardinière aidant, elles essaimaient, contribuant encore, de par leur fléau, à exaspérer la susceptibilité des encagés. Pour ne pas être de reste, les maladies s’amplifiaient dans les profondeurs du terreau insalubre. Les carences nutritives dévitalisaient les momies ambulantes et entraînaient la pellagre, voire la démence. Tuberculose, hydropisie et scorbut s’acoquinaient aux autres maladies pour enfler les taux de mortalité. Ulcérations gangréneuses et engelures putréfiées constituaient des voies d’accès faciles pour les bacilles, ces bâtonnets frappeurs du tétanos.
 
Les lazarets de fortune demeuraient malheureusement orphelins des remèdes de première nécessité. Dans les gîtes forcés, la Mort fauchait les rangs. La libération des souffrances terrestres et le glissement lascif vers un état bienheureux d’apesanteur, à l’image du forçat épuisé tombant de lassitude, accompagnaient les râles des agonisants désespérés de ne plus revoir leurs familles. Enterrer les macchabées sous de telles latitudes glacées pour leur dernier voyage sur terre relevait de l’exploit. Sous la lune rousse, le blizzard pétrifiait les cimetières remplis de crevés, avec leurs pieds cette fois bien dans la tombe. Les rafales sauvages hurlaient en cacophonie avec les corbeaux le De profundis in terra en attendant l’arrivée printanière du redoux qui permettait de combler les basses-fosses, aux emplacements effacés à jamais. Manquant de chaleur naturelle et surtout humaine, dans l’air nauséabond générateur d’insomnies élastiques, les effarés broyaient du noir, cédaient aux réflexes du chacun-pour-soi, aux calomnies, aux coups de gueule. Toute situation devenait prétexte à l’empoignade verbale ou musclée des protagonistes ! Le manque de place et d’intimité, le pet de travers, les privilèges et la nervosité provoquaient des épanchements de fiel. Des bagarres explosives laissaient parfois des morts sur le carreau. Les cauchemars-tortures entretenaient le chœur des démons dans les piaules des troufions râleurs. Les sous-alimentés 
chroniques s’habillaient avec les moyens du bord : le chiffon russe (Fusslumpen) pourrissait à force d’être mouillé dans les galoches trouées, on le remplaçait par des tchétézi, ces chaussures à pneu et à semelle de bois. L’idéologie serinée par les commissaires politiques matraquait le fait qu’il fallait faire payer la dette aux 
envahisseurs venus les armes à la main et que ce châtiment n’était que juste réparation au Mal commis. A Tambow, certains kapos, chefs de corvée disciplinés au cœur froid comme l’hiver arctique, chargèrent à mort la barque des damnés ! Le Politruk cherchait à extirper l’ordre bourgeois du mental des individus qui, aux yeux du Kremlin, n’existaient pas en tant qu’êtres humains, car ils faisaient partie d’un collectif grégaire qu’une minorité agissante de sous-fifres, roitelets flicards sur le terrain, menait à la baguette et décérébrait.
 
L’embrigadement docile des mercenaires kaki chloroformait leurs agissements et finissait par instrumentaliser leurs actes qui régentaient le bon ordonnancement des camps. Les Ponce-Pilate sur-vitaminés, girouettes vertueuses à la solde de la Bouffe et des avantages acquis, endossèrent à merveille leur rôle de nouveaux chevaliers prosoviétiques. En odeur de sainteté stalinienne, les canailles rampantes abreuvées au lait communiste obéissaient au pied de la 
lettre aux recommandations carcérales. Pires que dans l’enfer, les sous-ordres, ces gardes diablotins, infligeaient à leurs victimes le régime des punitions et des corvées merdiques. Soumis par un appareil militaro-policier, les galériens souquaient dur à fond de cale tandis que les privilégiés du système étaient installés sur le château arrière. Mais, à côté du camp 188, certes unique en son genre, d’autres camps assimilés à la Mort et au Mal et où sévirent lestement de nombreux affidés, la plupart étant des Allemands serviles inféodés à l’Antifa, devinrent également, grâce à leur gardiennage féroce et violent, des clubs de (la) vacance et du vide. 
*A l’image du Goulag devenu au fil des décennies staliniennes une réussite économique, les services du NKVD qui dépendaient du Ministère de l’Intérieur exercèrent également un contrôle total sur le Gupwi, ce second système concentrationnaire réservé aux trois millions de prisonniers de guerre de la Wehrmacht et à environ un million d’internés civils allemands (femmes, enfants et vieillards) pêchés par l’Armée Rouge. Avec les chaotiques conditions de la vie carcérale, avec le manque de soins en sus du travail forcé, cet attrape- tout captif conduisit à un holocauste sans pareil. Plus de 5 000 camps (comprenant des Teillager, des camps de 
regroupement au front et des bataillons de travailleurs) allaient parsemer cet immense archipel de la Désolation. 
 
Condamnation aux travaux forcés pour 15 ans 
 
 

SENTENCE DU TRIBUNAL (rendue le mardi 2 mars 1943, à 9 heures, dans la salle 38)
 
 L’agence (filiale) du tribunal de Coblence (Zweigstelle Ehrenbreitstein Koblenz) diligentait et enregistrait les procédures de justice à l’encontre des incorporés de force mosellans et luxembourgeois. 
Joseph Zingraff : « Le climat de peur était savamment entretenu, la mise en scène du procès devait impressionner les refusants : la croix gammée  omniprésente et les oriflammes rouge sang encadraient le portrait grandiose du Führer ; les claquements des talons et le salut hitlérien résonnaient lugubres 
dans la salle d’audience. Le ton hautain des juges était cassant. Pour moi qui découvrais pour la première fois, du haut de mes 21 ans, l’apparat solennel lors de cette audience, cela me donnait froid dans le dos. Néanmoins, je persistais et je signais : je refusais d’être soldat et de tuer des gens. Je ne voulais pas prendre part à la guerre contre mon pays. Les réponses du procureur cinglaient mes remarques courageuses, il cherchait à m’intimider, mais je résistais à toutes ses diatribes 
où il me traitait de lâche, de renégat, en des termes incongrus qu’un juge honnête ne se permettrait pas de débiter dans un prétoire ! En attendant le verdict, je savais qu’il serait sans appel, je PRIAIS jour et nuit, j’invoquais la Vierge Marie pour qui je garde encore et toujours une très grande dévotion. Oui, j’avais peur que le Tribunal de la Cour martiale ne recourût à la peine de mort. Car le point n°5 « décomposition du potentiel militaire, Zersetzung der Wehrkraft » punissait de mort tout acte contraire et rebelle à l’exécution du service militaire. J’ai toujours persisté dans mon refus malgré l’échafaud qu’on me promettait. Le juge OKGR, l’Oberkriegsgerichtsrat Wenz, accompagné des assesseurs, le Major Höffer représentant le Gen. Kdo de Wiesbaden et le caporal-chef Bienert provenant du Stalag XIII D de Trèves, dirigeait les débats. Le juge militaire Ackermann, secondé par un greffier, l’Oberschütze Knabe, défendait l’Etat. « Joseph Zingraff, l’ordonnance exceptionnelle de droit pénal en temps de guerre, la KriegsSondersStrafrechts- VerOrdnung, la KSSVO, vous condamne pour les actes délictueux suivants : 
 
primo, sur tromperie flagrante (Täuschung), vous avez simulé le 22 décembre 1944 une automutilation pour échapper pleinement ou partiellement à l’accomplissement de votre service militaire, 
 
secundo pour votre désobéissance (Ungehorsamkeit) ! Vous subirez pour cela une peine draconienne puisque ouvertement, ici face à vos juges, vous persistez à maintenir votre refus d’inscription sur les rôles de la conscription (Einberufung), vous aviez refusé votre Stellungsbefehl au moment de l’appel sous les drapeaux et vous excluez encore et toujours le serment (Eidverweigerung), 
 
- ensuite pour votre lâcheté manifeste de rester un individu sans honneur, ein ausgesprochener Drückeberger, un tire-au -flanc déclaré. Un vrai homme, un vrai soldat donnent leur vie pour leur pays !, 
 
puis, pour votre atteinte aux forces armées (Zersetzung der Wehrkraft) à travers votre comportement et vos dires anti-allemands. Pour votre défense, vous recourez au fait que vous vous prétendez Français mais rien que par votre ascendance généalogique, vous êtes un pur Allemand. D’ailleurs, vos grands-parents des deux côtés de la famille sont nés au temps du Kaiser, la Sicherheitspolizei de Metz nous le confirme. Herr Zinngraf, vous appartenez corps et biens à la race allemande, tout comme Reinhalter dont les ancêtres sont établis depuis longtemps en Alsace (alteingesessene Elsässer). Prétendre que votre famille proviendrait d’une province française est superflu et spécieux. En plus, le 23 août 1942, une première ordonnance (RG. Bl. 142, S.533) concernant les Alsaciens, Mosellans et Luxembourgeois vous a conféré la nationalité allemande.
 
Retenez également bien ceci, le décret du Gauleiter Bürckel publié le 26 août 1943 (Verordnungsblatt = VO.Bl . für Lothringen 1942 S. 416,) vous a réaffirmé pleinement votre statut d’Allemand. N’oubliez pas que vous détenez les parts de 2 ancêtres allemands dans votre généalogie et que, depuis le 19 août 1942 (VO. Bl. Seite 385), le service militaire dans la Wehrmacht a été instauré en ce sens pour les jeunes de 1914 à 1922. L’ordonnance du 5 décembre 1942 (VO. Bl. für Lothr. Seite 514) clôt ainsi toute contestation. 
 
- j’évoquerai également une déloyauté envers un pays qui vous nourrit et vous a donné du travail. Où est votre Nationalstolz pour dénigrer à ce point votre appartenance au prestigieux III ème Reich ? Certes, je concède qu’en tant qu’ancien ressortissant français vous n’ayez pas encore acquis ce sentiment national d’appartenir à un grand peuple. Notre Vaterland a besoin d’hommes de courage, faisant preuve de combativité, de virilité, des vrais Hommes, des Herren, pour bâtir le Reich millénaire et faire face à la juiverie internationale et au bolchevisme, 
 
- enfin, votre refus du service militaire (Wehrdientsverweigerung) est contraire au devoir suprême du citoyen ! Joseph Zingraff, après les attendus de la Cour, vous êtes condamné en conséquence pour atteinte démoralisante aux forces armées au nom du paragraphe 5, 1 Ziff. 3 KSSVO. Et d’après le MStGB, le Militär Straf Gesetz Buch, je vous condamne à 15 ans de travaux forcés à passer dans un centre de réclusion (Zuchthaus) en détention criminelle. De plus, vous serez privé de la dignité militaire (Wehrwürdigkeit) et votre peine de prison, assortie d’une suspension à exécution de sanction (Strafaussetzung), ne pourra pas être purgée durant le temps de guerre. 
 
Néanmoins, lors de l’attribution de votre peine, la justice tient à tenir compte de votre jeune âge, du fait aussi que vous avez été victime en Lorraine d’une animosité à l’encontre du régime nazi, haine nourrie auprès des parents. Nous laissons tomber ces motifs en concluant plutôt que votre refus provient d’influences étrangères. Pour ces raisons, la Cour vous consent une peine de 15 ans de travaux forcés en maison de réclusion. Conformément au paragraphe 31 Article 1 du MStGB, il nous a paru nécessaire de vous enlever la dignité militaire. Concernant la reconnaissance de vos droits civiques (Paragraphe § 32 du RStGB, Reichsstrafgesetzbuch), j’ai pris en considération votre jeunesse de prévenu, voire votre possible rééducation. En conséquence, vous êtes condamné, avec votre camarade Reinhalter, à 15 ans de travaux forcés pour corruption de la force armée avec indignité de service militaire. Sachez que le temps d’exécution de cette 
peine (Strafvollzug) ne comptera pas pour la durée de la guerre ! » 
 
Résistance 
 

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