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Lorsque ma blessure fut en voie de guérison

Lorsque ma blessure fut en voie de guérison, on m’envoya à l’hôpital de Merlebach car les hôpitaux sarrois avaient un besoin urgent de places à réserver aux victimes des bombardements. Lors de mon périple retour, pour avoir dû emprunter des voies secondaires, j’ai pu du wagon de mon train, observer les destructions estimées au bas mot à 80 % dans la ville de Sarrebruck. Je rentrai au domicile avec l’obligation d’aller chaque jour à Merlebach faire procéder aux soins de ma plaie.

Le trajet en uniforme ne m’inspirait guère confiance, car je passais de bon matin seul par la Kahlenbach (chemin vers Béning) et un maquisard aurait très bien pu me faire la peau. Ma convalescence touchant à sa fin, je devais repartir le 8 octobre 1944 au 113ème Régiment d’Infanterie à Sarrebruck. Je me gardai bien de m’y précipiter. Les Alliés approchaient, je supposais par ailleurs que les services du recrutement militaire devaient être désorganisés par suite de tous les bombardements “bienvenus” dans le secteur.

Avant les combats Je décidai donc de rester caché chez moi, avec l’appréhension d’être un jour peut-être découvert et considéré comme déserteur. Mon père avait imaginé plusieurs caches. L’une d’elles donnait accès, par une trappe habilement camouflée sous le lit, à une excavation sous la chambre. En cas de perquisition poussée, on pouvait même, en plongeant par un siphon placé sous les fondations, remonter de l’autre côté du mur et filer à l’anglaise au dehors.

Nous avions stocké dans nos caves les provisions les plus précieuses afin de surmonter la pénurie pendant notre séjour forcé dans le sous-sol. (Lorsque les Américains nous emmenèrent en file indienne pour un soi-disant interrogatoire le 28 novembre 1944, ils en profitèrent pour tout fouiller. Finauds, ils découvrirent, par exemple, le schnaps mais ils le versèrent dans des bouteilles à pétrole, ce qui le rendit imbuvable).

Croquis de la cachette

Deux hommes de la Feldgendarmerie étaient logés chez nous et guidaient les troupes débandées par l’avance des Alliés vers des casernes sarroises où elles étaient affectées pour recompléter les bataillons. La veille de leur départ définitif, ces policiers nous dirent en substance : « Si demain nous ne sommes plus là, dann geht es los ! ça va barder. » Ils avaient notamment guidé camions et attelages de chevaux venus en toute hâte de Freybouse vers la Sarre toute proche.

Nous ignorions aussi que dans la nuit du 26 novembre, trois déserteurs allemands avaient transité par notre grange à la recherche d’habits civils. Ils avaient, par négligence, laissé leurs treillis vert-de-gris en vrac dans un recoin. Deux S.S. de passage, choqués et furieux par cette découverte insolite, demandèrent à visiter l’endroit où nous étions tous rassemblés. Irène Diroux se trouvait également parmi nous. Elle faisait le ménage dans notre famille : elle s’occupait du linge, nous préparait à manger et s’était arrangée pour cacher dans notre maison un Malgré-Nous originaire de Béning. « Aïe ! pensais-je, ces énergumènes vont nous emmener ! »

En jetant un coup d’œil vers nous, l’un des S.S. dit : « Wir gehen, es sind lauter Kinder hier ! partons, il n’y a que des enfants ici ! » La lumière vacillante de nos pétroleuses a dû nous transfigurer en bambins bien sages ; tant mieux pour nous, les deux réfractaires ! Notre maison devait être, dans l’esprit des S.S., une position stratégique parce que située dans l’axe de la route descendant de Seingbouse. Aussi, le matin du 27 novembre, revinrent-ils et nous demandèrent- ils de déguerpir, mais il fallait vider la cave auparavant (den Keller raümen) pour installer un poste de mitrailleuse.

Mon père leur fit comprendre l’inanité d’un tel effort : l’une des caves était envahie d’une montagne de betteraves et dans les autres, tout avait été étayé pour supporter les déflagrations d’obus. Ils n’insistèrent pas.


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