Flauss Victor † né le 9.1 .1922 m’écrit de Saint-Aulaye (Dordogne)

Je soussigné Flauss Victor né le 9.1 .1922 à Farébersviller (Moselle) déclare sur l’honneur qu’à la date du 7 octobre 1941 je fus envoyé dans un camp de travail allemand au n° K3.329 jusqu’au 30 mars 1942 (photo prise au R.A .D . avec Albert Melling).

Dès mon retour, je fis la connaissance d’un agent anglais qui nous demanda de faire des sabotages sur les installations de la mine où je travaillais afin de ralentir l’exploitation de charbon. Arrêté le 15 décembre 1942 par la Gestapo, je fus déporté à Trèves, où je subis en prison les sévices et pressions que tout le monde connaît (par exemple menaces d’envoyer mon père au K.Z. ou coincer les bouts des doigts dans une porte.)

En sortant de prison, je partis avec un régiment d’artillerie en Russie à Baranovitschi sous le n° matricule 280. 43. Après une longue maladie, j’ai pu obtenir une permission de convalescence le 26 mai 1943, en prêtant serment de revenir à mon régiment, alors que je n’en avais nullement l’intention. Je me suis évadé le 22 juin 1943.

Avec beaucoup de difficulté, j’ai franchi la frontière sur un train de minerai que je devais impérativement quitter avant d’arriver en gare de Joeuf. J’ai eu la chance de tomber sur un cheminot résistant qui me soigna avec les moyens du bord une blessure à la jambe droite que je m’étais faite en sautant du train.

Après cela, il m’a indiqué une adresse au commissariat de Gorze pour obtenir de faux papiers d’identité. En possession de ces papiers, j’ai pu rejoindre la Dordogne, après trois semaines d’une vie de bête traquée. J’ai pu trouver accueil dans la ferme de Monsieur Dupuy à la Ganne, commune de La Prade (Charente).

 

 

On m’a soigné la jambe qui était bien mal en point.

Une fois guéri, j’ai cherché à entrer en relation avec des groupes de maquis à qui j’ai fourni tous les renseignements sur les déplacements des Allemands. Puis j’ai rejoint le 4 ème bataillon F.T .P . le 2 juillet 1944 et le 31 octobre 1944, j’ai intégré le bataillon Pichardie qui devait former le 26ème régiment d’Infanterie à Périgueux.

Monté au front de la Rochelle au mois de janvier 1945 après plusieurs sorties avec le corps franc, j’ai bu de l’eau non potable dans les lignes ennemies. J’ai contracté la paratyphoïde B. Après guérison, j’ai eu une convalescence d’un mois du 5 mai 1945 au 5 juin 1945.

Pendant mon absence, mon régiment fut dirigé sur Cherchell (émeutes de mai 1945 en Algérie).

Après mon retour de convalescence j’ai rejoint mon régiment le 27 juin par bateau. Rapatriés au mois d’octobre 1945, nous fûmes dirigés sur Autun. Je suis rentré au foyer le 10 octobre 1945 avec une permission libérable de 60 jours (démobilisé le 14 décembre 1945). Arrivé chez moi je suis retombé malade.

Pensant que le climat en était la cause je suis reparti pour la Charente chez des amis où j’ai pu me faire soigner par le Docteur Fouassier d’Aubeterre (Charente) des suites de la maladie du mois de mai 1945. Après ma guérison, je suis rentré dans mon foyer à Farébersviller pour travailler dans les mines de charbon.

 

 

 Flauss Joseph, frère de Victor


Seuls trois soldats chaussés de bottes caoutchoutées purent regagner nos lignes : lors du franchissement des barbelés sur lesquels les Russes avaient branché du courant haute tension, nos malheureux camarades furent électrocutés à cause de leurs chaussures cloutées ! Je fus grièvement blessé dans une forêt lettonne, à Zarazaï le 23 juillet 1944, près de Riga. Ce jour-là, notre équipe de mitrailleurs fut touchée par l’explosion d’un obus tiré d’un char russe. Les Flintenweiber (régiment de femmes) étaient plus acharnées encore et venaient, la nuit, bravant diable et danger, neutraliser nos hommes en première ligne avec leurs poignards. Une Strafkompanie fut chargée d’aller rendre la politesse à ces femmes androgynes. Il y eut cette nuit-là une hécatombe dans nos rangs.

Nous étions planqués au milieu d’un bois fauché par les obus où seuls dépassaient les souches et moignons d’arbres. Les tankistes russes, prudents, sillonnaient l’orée du bois et de loin, nous adressaient leurs salves mortelles. Deux de mes équipiers gisaient morts et moi-même pissant le sang, je partis affolé vers l’arrière, au moment où surgissaient les renforts.

Un officier S.S., pistolet au poing, me hurla de faire demi tour, croyant que je m’esquivais. Voyant ma blessure, il me laissa filer et je m’agrippai aux portières de la voiture d’un général qui m’embarqua, contrit, lorsqu’il vit le sang stagner dans mes bottes. J’étais si faible que je fus le seul à rester, bien malgré moi, dans la voiture mitraillée par les Stalinorgel, mes occupants s’étant planqués dans les fossés.

 

 


Cette cache secrète était géniale : on s’introduisait, d’abord par les jambes puis le reste du corps, à travers la porte d’un vieux four. Sous le plancher, une excavation avait été creusée. Mon oncle, qui, la nuit, avait sorti patiemment seau de terre après seau de terre avec l’aide d’un réfractaire, avait eu cette bonne idée. Le plancher, risquant de vibrer avait même été étayé. Cet abri disposait d’un lit ; je pouvais y lire grâce à une ampoule alimentée par un fil électrique ingénieusement faufilé par l’armoire murale. Un trou subtil pratiqué dans un casier me permettait de respirer sans risque d’asphyxie. Une connaissance de Henriville m’avait signalé que Farébersviller était libéré mais que ma maison, d’après elle, était en piteux état. Je partis aussitôt à travers les forêts du secteur rejoindre au plus vite mon domicile. Mal m’en prit ce 26 décembre 1944, car sur les hauteurs du Biehl, la Military Police installée dans une Jeep s’arrêta, vérifia mon identité. Je ne disposais pas de papiers, je bredouillais quelques phrases inintelligibles à la patrouille qui m’embarqua. Dévalisé de mon argent par un enquêteur U.S. à Sarrebourg, j’atterris à Marseille au camp international d’internement.J’embarquai avec 6 400 blessés sur un navire allemand frappé de la Croix-Rouge, épargné, il faut le dire, par les avions russes qui nous survolaient. D ’abord convalescent dans un Genesungsbatalion (bataillon de convalescence), j’eus droit à un mois de congé sanitaire. Je repartis pour l’armée, bien sûr, en allant ostensiblement tamponner ma feuille chez le chef de gare Müller. Mais, rapide comme l’éclair, dès que le train entra en gare de Farébersviller, je filai par un wagon vide pour sauter à contre-voie et disparaître dans la nature. La Gestapo avisée par ma supposée désertion, accepta les dires de Müller, qui affirma clairement m’avoir vu partir. Mes parents ne furent donc pas inquiétés et je me retrouvai planqué à Valmont.

Devenu docker occasionnel et voulant par ailleurs m’engager, je reçus, parce que je prétendais avoir de la famille à Nancy, ma feuille de sortie accompagnée d’un papier précisant ma candidature d’engagé volontaire. Je m’éclipsai du centre d’accueil nancéen et, passant par monts et vaux, je fus à nouveau arrêté par un contrôle américain à Morhange. Je croupissais là-bas trois jours durant, dans les caves. A force de persuasion et grâce à l’aide d’une cousine travaillant auprès des Américains, je pus réintégrer mes chers pénates. A la mi-mars, après la libération de Forbach, arborant le brassard de FFI, j’appréhendais sur l’axe de passage du village, les rares voitures, pour de banals contrôles. J’épinglai ainsi le sous-préfet de Forbach à mon tableau de chasse :« Votre laissez-passer, vos papiers, SVP ! - C’est parfait, me dit-il, vous faites bien votre travail ! »

Mais Dieu, que ces Américains étaient méfiants ! Ils ne devaient rien comprendre à notre situation mosellane partagée de longue date entre les appétits des belligérants franco-allemands. Ils venaient peut-être du lointain Nebraska et appliquaient la stricte censure militaire : la France collaboratrice était pour eux un pays ennemi. En effet, les soldats américains avaient une appréciation tendancieuse sur l’attitude de la France. Pour certains elle était devenue "Persona non grata" parce que Pétain avait traité avec Hitler et que Pierre Laval, le chef du gouvernement, souhaitait en son temps, la victoire de l’Allemagne. Pour d’autres, leur analyse était plus objective : la France devenait alors une alliée qui était entrée en guerre aux côtés de la Grande-Bretagne en 1939 et dont les Armées venant de l’Empire, se battaient avec les Alliés.

De Gaulle dans l’esprit des G.I’s n’était reconnu que comme autorité provisoire. Roosevelt lui préférait d’ailleurs le général Giraud. Il était même question de frapper une monnaie française à l’étranger. Et, injure suprême, Eisenhower souhaitait soumettre la France à l’AMGOT, Allied Military Government Occupied Territories !

Sur le coup, je ne compris pas cette attitude extrême de la part des Américains. Le temps, l’Histoire et avec le recul, ma propre vision des choses, m’ont permis de mieux apprécier la situation, ô combien floue, de cette époque troublée. Arrêté par la Gestapo le 4 janvier 1943, je restai enfermé jusqu’au 25 mars au camp de Téting sans signer ma feuille d’enrôlement dans l’Arbeitsdienst.

Mon oncle de Valmont me supplia de le faire pour éviter la déportation de mes parents. J’apposai donc, ma griffe, la mort dans l’âme, par obéissance filiale. Je partis faire mes classes en Silésie, puis, rapidement, je fus enrôlé dans la Wehrmacht avec convocation pour le 5 mai (Stellungsbefehl). Tout de suite jetées dans le bain, les jeunes recrues que nous étions tâtèrent aussitôt du Russe. Il était coriace devant nos tranchées.



 


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