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Adamy Georgette née Houllé

Je partis en train à Francfort sur le Main poster en secret une lettre écrite par mon frère Victor. Celui-ci voulait déserter et pour donner le change, chercha à simuler sa présence dans le train des soldats partant vers l’Est. Cette missive que je cachais sur moi, disait en substance : « Chers parents, es geht weiter, wir rollen nach Russland..., cela continue, nous roulons vers la Russie. »

Au retour de ma mission, je faillis être piégée par un bombardement allié perpétré sur la gare du centre-ville. Je trouvai un bunker salutaire pour m’abriter. Après l’alerte, le spectacle qui s’offrit à ma vue et à celle des nombreux réfugiés était tragique : j’avais quitté un monde civilisé sous le roulement lugubre des sirènes et je découvris avec effroi un chaos dantesque ! Un cataclysme provenant des bombes larguées du ciel ! Avec les bruits sourds des maisons continuant à s’écrouler, l’effroi des enfants, le fracas des explosions et le courage des pompiers, la désolation était saisissante : je mis longtemps à retrouver mes esprits lorsque je revins à l’air libre.

« Combien d’agonies douloureuses ont dû se dérouler sous les décombres fumantes ? » pensai-je en voyant les ruines de la désolation. Horrifiée par l’amplitude et la cruauté de tels désastres qui frappaient tant d’innocents, je réchappai comme Loth des villes de Sodome et de Gomorrhe anéanties par le feu céleste et je me promis de ne plus jamais tenter pareille aventure. J’étais heureuse de revenir saine et sauve après avoir connu de si près les horreurs occasionnées par ce pilonnage de bombes auquel les civils allemands avaient affaire tous les jours. J’obtins une belle récompense de mon frère pour cet acte courageux.

Victor put se cacher à L’Hôpital (ville) avec un de ses cousins dans un abri aménagé par un Malgré-Nous qui comptait revenir dès sa permission pour s’y planquer. Hélas, il fut tué et ses parents écrasés de chagrin voulurent dans leur douleur soustraire ces deux jeunes à l’enrôlement forcé. Jamais les Allemands ne seraient venus perquisitionner la maison d’un soldat mort pour la patrie. En revanche, la Gestapo vint s’informer chez nous sur la disparition de mon frère.

Mon père exhiba alors la lettre écrite par Victor et datée de Francfort, gare des permissionnaires. « Je suis très inquiet pour mon fils, j’espère qu’il n’a pas été victime des bombardements combien fréquents en ce moment sur l’Allemagne » leur dit-il, l’air angoissé. Les S.S. repartirent convaincus de sa bonne foi.

 

Adamy René †

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Ma situation d’insoumis à l’incorporation fut appréhendée sans trop d’inquiétude, étant donné que le 9 mars 1942, un morceau de charbon acéré m’avait éborgné : j’avais de ce fait été réformé pour invalidité évidente. Mais ce handicap n’empêcha pas l’autorité militaire allemande de me convoquer pour être incorporé par la suite dans la Wehrmacht.

Car, pour reconstituer ses armées défaites, Hitler avait décrété la levée en masse de tous les hommes de 16 à 60 ans. Je fus donc convoqué le 15 octobre 1944 en gare de Saint-Avold pour l’incorporation mais je n’avais nullement l’intention de m’y présenter. Ma future femme, Georgette, s’y rendit discrètement. Elle entendit hurler mon nom : « Renatus Adamy ? Wo ist Renatus Adamy ? » Le contrôleur inscrivit : Abwesend, absent. J’avais au préalable aménagé une cache fantastique dans la maison familiale. Notre cave était située à un niveau intermédiaire par rapport au sol de l’écurie. Je creusai entre cet intervalle un abri ; deux grosses pierres descellées dans le mur porteur permettaient l’accès au repaire. Comme, en cas d’alerte je ne pouvais pas les remettre parfaitement ajustées à leur place, mon père s’en chargeait et prenait la précaution de saupoudrer le coin de tout un amas hétéroclite de foin, de paille ou de planches diverses.

L’obscurité du coin parfaisait la cachette. Mais ce n’était pas aussi réjouissant que je ne le supposais car, diantre, notre chien venait systématiquement flairer dans le secteur et détectait très vite ma présence en jappant de joie. Peu réjouissant en cas de perquisition ! Les S.S. avaient investi le village de Théding vers la mi-novembre à la recherche de réfractaires. La sœur d’un nommé Mayer (je ne suis plus sûr du nom) vint nous prévenir que Farébersviller allait être également quadrillé. Je partis de nuit, vers 1 ou 2 heures du matin, recouvert d’un sac pour qu’on ne me reconnaisse pas, en me faufilant entre la ruelle Wendel et la côte du Biehl. Je frappai à la porte de ma sœur Clotilde Lacroix. Effectivement comme annoncé, les gestapistes arrivèrent et mon père, sûr de lui, leur dit : « Allez-y, la maison vous est ouverte ! »

Ils ne trouvèrent rien et pour cause. Un S.A . local partit peu après chez ma sœur pour venir fouiner et s’enquérir de ma personne. En cas de visite impromptue, je pouvais prendre la poudre d’escampette en sautant par la fenêtre du premier étage sur le toit de l’appentis et hop ! dans le jardin. Mais je ne voulais pas mettre ma famille en péril à cause de ma présence. La belle-mère de ma sœur, Madame Lacroix, d’origine française, à qui on avait dissimulé ma clandestinité, devait malgré tout s’en douter car, lors d’un bombardement, alors que les occupants de la maison s’étaient lancés dans la cave, dit : « Clotilde, allez donc chercher votre frère ! » Finalement, l’arrivée des Américains me libéra de ma situation d’insoumis !


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