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« Incorporé dans la Wehrmacht le 13 janvier 1943, je partis pour le front russe le 22 juillet en participant notamment à des combats dans la région de Moguilev. Les événements que j’ai vécus lors de l’écroulement du secteur central resteront à jamais gravés profondément dans ma mémoire : chaos, panique, terreur, gémissements et cris de détresse provenant des longues files de blessés abandonnés sans soins ponctuèrent ces jours atroces.

Je puis difficilement oublier les pathétiques appels au secours et les supplications provenant de tous côtés, entre autre imploration : « Camarade, tue-moi ! »


Le 4 juillet 1944, nous étions positionnés sur les bords de la Drut, devant un pont qui avait sauté. Le Russe était déjà à ce moment-là à Minsk. Grâce à nos engins à chenilles, nous pûmes traverser le cours d’eau.

Environ vingt-cinq soldats de la Flak (artillerie légère), coupés de leur unité et démunis de moyens de traction adéquats, nous demandèrent de remorquer leurs engins et camions à travers la rivière. Pendant cette opération d’entraide, arrivèrent du village voisin quarante à cinquante personnes, hommes et femmes, que nous considérâmes comme des civils au-dessus de tout soupçon et bien pacifiques de surcroît. Ayant décidé de faire route commune avec les éléments de la Flak, nous prîmes les devants et démarrâmes les premiers. Après cent mètres de trajet, nous nous arrêtâmes. L’un des artilleurs rescapés nous courut après. Hors d’haleine et bouleversé, il bredouilla à son arrivée qu’il était l’unique survivant de son groupe à avoir échappé par miracle à l’égorgement collectif programmé : au signal donné, les pseudo-civils les avaient attaqués et leur avaient tranché la gorge avec des couteaux, tandis que lui, parvenait seul à leur fausser compagnie.

J’ai été fait prisonnier le 13 juillet 1944. Le lendemain, après une journée de marche effectuée pieds nus, alors que nous campions dans un village de la région de Mir, un sous-officier russe apparut et exigea, en présence d’un interprète, que celui qui détenait encore une arme devait la rendre. Comme aucun d’entre nous n’en possédait, il fit sortir dix prisonniers de nos rangs, les aligna devant nous, sortit en un éclair son pistolet et tua les quatre premiers captifs à bout portant dans la tête, avant d’être maîtrisé par les sentinelles et emmené. Je comprenais difficilement le pourquoi de tels actes. Comment nos bourreaux pouvaient-ils agir ainsi alors que notre unité avait toujours humainement traité les prisonniers russes ? Tremblant de peur, les pauvres Iwan que nous avions arrêtés lors d’offensives précédentes ne croyaient guère en la clémence du vainqueur, tant on les avait manipulés sur notre engeance, eux, ayant vu depuis leur conditionnement haineux en tout Allemand, de la « vermine à écraser ». Nous leur donnâmes même de quoi manger et fumer. Les pauvres bougres nous remerciaient sans fin. Alors que concernant notre sort présent, j’assistais à l’incroyable brutalité d’un vengeur sanguinaire ! Lors de marches interminables par monts et par vaux, les blessés et les gars épuisés s’écroulaient au bord de la route. Par peur et effroi, aucun d’entre nous n’osait jeter un regard par-dessus son épaule pour s’enquérir de leur sort.

J’ai atterri au camp n° 84 d’Asbest.

Durant l’hiver 1944-45, en une période glaciale permanente approchant les – 51°C, nous avons dû travailler malgré tout. J’ai ainsi bossé sans bottes de feutre, à cause de mes blessures ouvertes aux pieds qui empêchaient leur enchaussement. Comme occupant de la baraque n° 29, je fus puni avec d’autres gars au motif que nous n’avions pas marché au pas et mal chanté au retour du travail. On nous chargea de vider les latrines (un samedi et un dimanche) et de porter les défécations en forêt.

Un jour, au Waldlager 84-7, j’affirmai à la cantonade avoir vu bouger une main. Elle émergeait de la rangée supérieure des dépouilles installées sur une charrette lourdement chargée qui s’apprêtait à sortir du camp.

Mes voisins prétendirent le contraire. Une demi-heure après, le convoyeur revint, nous ramenant le soi-disant mort, nu comme un ver.

J’ai également séjourné dans les camps 84-1 (mine d’amiante) et 84-5 (construction d’une voie ferrée et travail dans une fabrique). Souffrant de dysenterie, je pensais mourir tous les jours. J’ai été rapatrié le 29 août 1945.

Je restai hospitalisé quelques semaines à l’hôpital militaire Lyautey pour soigner mes pneumonie et pleurésie. »

 

Balmer Philippe, né en 1923


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