« Incorporé de force le 30 octobre 1943 dans un régiment de pionniers établi en Pologne, j’ai d’abord participé à des ratissages axés sur la recherche de maquisards localisés dans les forêts des alentours de Sandomir (Pologne).

Puis, j’ai connu le front en mai 1944 dans les Carpates, et en dernier lieu, dans le secteur polonais de Sanock, où, à un moment donné, je me trouvais affecté à un commando chargé de fortifier les arrières du front. Nous étions journellement attaqués et mitraillés par les avions russes qui ne nous laissaient aucun répit. C’était très éprouvant à supporter……

J’ai été capturé lors d’une offensive russe, le 30 juillet 1944, en restant dans mon trou plutôt que de suivre ma section. Lors de notre transport par chemin de fer de Lemberg à Moscou, nous étions tellement serrés dans les wagons-à-bestiaux qu’aucun captif ne put trouver assez de place pour s’allonger. On séjourna trois semaines dans le sombre réduit sans pouvoir sortir. En guise de sanitaires, un trou dans la porte ! Pour étancher la soif des occupants du tombereau, on obtenait le contenu d’un arrosoir par jour et voyez-vous, encore bien moins à manger. Le train restait parfois deux jours sur place, en plein soleil. Le matin, on récupérait les gouttes de rosée qui dégoulinaient du toit en tenant la gamelle hors de la petite fenêtre. Heureusement qu’on disposait encore de quelques réserves physiques puisque c’était le début de la captivité.

Pendant l’hiver 1944-45, les événements particulièrement éprouvants que j’ai endurés furent essentiellement la faim et le froid. J’étais à cette époque-là logé dans la petite quarantaine de Tambow. Comme on ne pouvait pas  sortir, on nous apportait deux branches de bois pour nous chauffer. La chaleur émise par le fourneau n’arrivait même pas à en tiédir les briques !

Au cours d’une corvée hivernale, je fus chargé d’enlever la neige accumulée sur le toit d’une baraque, la 22 si je ne me trompe pas. Le travail terminé, je voulus quand même savoir ce qu’il y avait à l’intérieur. La porte n’étant pas fermée à clef, je reçus le choc de ma vie : c’était empilé de cadavres, les uns sur les autres, dans toutes les positions. Plusieurs centaines ! Le spectacle était affreux à voir.

Vers la fin avril 1945, je fus affecté au commando de la tourbe. J’étais dans un état lamentable, avec de l’eau dans les jambes et le corps plein de plaies dues à la gale ! Après quelques semaines de travail forcé, on me renvoya au camp. Quinze jours plus tard, j’étais de nouveau en route pour le kolkhoze. Mon état de santé ne s’était pas amélioré pour autant. J’avais du mal à effectuer mon travail vu que je ne pouvais plus plier les jambes lorsque je devais me baisser. Sans chaussures (on me les avait volées pendant le sommeil), j’ai souffert tout l’été, m’écorchant les pieds à vif dans les champs. Quand je suis revenu au camp 188 au mois de septembre, au lieu de partir avec le convoi de rapatriés, j’étais bon pour le lazaret. Je venais d’attraper la dysenterie. J’ai eu la chance de quitter le camp avec le dernier camion qui m’a conduit à la gare de Rada où attendait l’ultime convoi de malades rapatriés le 14 octobre 1945. Retour en France, un mois plus tard, le 17 novembre. »

Battmann Henri, né en 1925


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