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Berger Henri

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« Appelé le 20 mai 1943 dans une caserne d’artillerie légère basée en Thuringe, je partis le 22 août pour l’Ukraine. Lors de la retraite de septembre, des unités spéciales allemandes incendièrent des villages entiers en mettant le feu aux toits de chaume. Les vieilles gens pleuraient en voyant leur unique et maigre bien, anéanti.

En de maintes fois, les bombardements des Russes provoqués par les Stalinorgel avant l’attaque de leur infanterie occasionnèrent beaucoup de morts chez les servants de canons auxquels j’étais affecté (je fus blessé légèrement au pouce et à la jambe gauches par des éclats d’obus). La nuit, j’avais peur des représailles des partisans lors des gardes menées auprès des lignes ennemies. Ces derniers nous guettaient et ne faisaient pas de sommation !

Les derniers combats auxquels j’ai participé me firent transiter par le secteur de Lobau, par la Saxe et la ville de Glashütte près de la frontière tchèque. J’ai été fait prisonnier le 9 mai 1945, près de Dresde.

On nous a parqués à 40-50 prisonniers dans des wagons-à-bestiaux. Que du pain dur et moisi avec un peu d’eau nous fut distribué pendant les trois semaines de voyage où nous n’avons jamais pu sortir de l’enclos !

Nous étions couchés sur le plancher nu ; une lucarne placée en hauteur nous plongeait dans une semi pénombre chargée de stress et d’anxiété. Pendant les arrêts dans les gares, les gens nous injuriaient. Les soldats de garde qui accompagnaient le convoi donnaient sans retenue des coups de crosse dans les parois des wagons, tiraient des coups de feu.

Au début de notre séjour dans le camp de Rostov-sur-le-Don, les quelques Alsaciens présents furent considérés comme des volontaires anti-bolcheviques venus épauler la Wehrmacht. Un manque d’hygiène régnait dans les camps n° 1 et 2. Certains jours, la nourriture était ridicule et très mauvaise. Pendant des mois, nous n’avons obtenu aucune information sur ce qui se passait chez nous en France après le cessez-le-feu du 8 mai 1945. Nous n’avons pu bénéficier ni de savon, ni de serviette, ni de vêtements de rechange. Je n’avais presque plus rien aux pieds. La misère à tout point de vue exacerbait ma peur de ne plus pouvoir tenir le coup assez longtemps. Victime d’un début de typhus, j’ai soigné mon mal pendant une semaine avec du pain grillé, bien charbonneux, faute de médicaments appropriés ; je voulais surtout éviter la salle archi-pleine des malades du camp, synonyme de contagion mortelle. J’ai travaillé dans un commando à Tambow-ville. Je suis rentré le 22 novembre 1945. » Berger Henri, né le 16. 04. 1925


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