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« R.A.D : démarrage le 5 octobre 1943.

Puis départ dans la Kriegsmarine le 15 avril 1944, avec instruction militaire passée en Poméranie. Sur le front de l’Oder en janvier 1945, j’ai été le dernier à passer sur le pont reliant l’île de Wolln (Wolin en polonais, près de Stettin) à la terre ferme avant qu’il ne sautât une minute plus tard. Début avril 1945, s’enchaînant pendant plusieurs jours, les terribles bombardements russes anéantirent les forces allemandes de mon secteur. J’étais environné de morts, je pense aujourd’hui encore à mes nombreux camarades (surtout les décapités par les éclats acérés des obus). Au moment où nous avons décidé de notre reddition, concertée avec deux Alsaciens, la mauvaise tournure prise par les événements nous obligea au corps-à-corps, puis à la fuite….

Capturé, je connus les marches épuisantes, sans aucun ravitaillement, de Stettin à Strassburg. Puis direction vers l’Est en colonnes par 5, sur l’autoroute (Rollbahn) reliant Stettin à Stargrad, j’ai marché peut-être 70 km. Il y eut un arrêt obligé en rase campagne en raison des nombreux morts, victimes d’épuisements. Avant d’arriver au camp, nous étions dans l’incapacité générale d’aller plus loin : il fallut nous accorder quelques heures de repos.

J’ai transité par quatre camps de passage, surtout ceux de Kulpino et de Leningrad.

Au fil de ma captivité, j’ai connu différentes activités : gardien de chevaux en Poméranie, chauffeur de four dans l’usine métallurgique de Kulpino, déchargeur de wagons de tourbe destinée à la centrale électrique de Leningrad, ouvrier-terrassier dans les travaux de reconstruction de la ville sinistrée, haleur de grumes flottant dans le port de la Neva, etc. J’étais le seul à me brosser les dents avec n’importe quoi : mie, cendre et ceci pour éviter le scorbut. A Leningrad, les souffrances quotidiennes de notre mal-être étaient surtout dues à l’épuisement, à la malnutrition. Accablé par la dysenterie et les furoncles, je me coltinais 6 x 12 heures de travail durant la semaine. Dans les camps où j’étais interné, nous étions gérés par des Dolmetscher (interprètes) allemands qui favorisaient plutôt les leurs.

Dans le camp de Leningrad regroupant quelque 3 000 à 4 000 prisonniers, nous n’étions que 100 à 150 Français. Dans le lot des arrivées fréquentes, figuraient à chaque fois des Français, isolés ou groupés, provenant des camps du nord de la Russie. Notre retour avec le dernier convoi de prisonniers provenant de ce secteur de Russie eut lieu le 6 mai 1946 (environ 1 200 captifs qui avaient moins de 20 ans).

Rendu totalement inapte après trois ans de vie difficile, j’ai mis du temps à reprendre le dessus. Les cauchemars qui me rappelaient les souffrances palpables de la captivité étaient presque quotidiens jusqu’en 1975 (date approximative). Ils ont cessé lorsque j’ai couché sur papier mes souvenirs de Russie. »

Betsch Paul, né en 1926 


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