« 18 avril 1943, début de mon instruction dans l’infanterie à Dirschau. Puis j’ai sillonné avec ma compagnie la Russie centrale : Charkow, Tcherkassy, Bereznik et Minsk, au fur et à mesure de la retraite allemande.

A Budaworofskaja, j’ai participé à des combats contre les partisans ; et lors d’une attaque, un ami alsacien de la famille est mort dans le Partisanen Einsatz. Je le vois encore courir dans le ravin en face et tomber, touché au cœur.

Etabli dans un avant-poste à Tcherkassy, j’ai été blessé en janvier 1944, l’avant-bras transpercé par une balle de fusil. Lors de mon retour au front, les attaques russes fusaient constamment. Pris dans un encerclement, j’ai perdu de vue, lors de la retraite, l’unique camarade alsacien qui faisait partie de la même compagnie que moi. Mourut-il lors de cette retraite ? Etait-il blessé ? J’avais pour ma part pris un éclat d’obus dans le dos lors des combats à Minsk. M’étant caché pour me soustraire à mon unité, j’ai été fait prisonnier le 8 juillet 1944 par les partisans russes aux environs de Minsk. Notre colonne a marché à pied de Minsk à Borissov pendant trois jours. Une seule fois, nous avons reçu un petit morceau de pain. Qui ne pouvait plus marcher était abattu par les gardes de race mongole. L’eau nous fit cruellement défaut ; à peine voyait-on une ornière miroitante qu’on lapait à plat ventre les flaques. Nous avons supplié une femme qui transportait deux seaux d’eau de nous les ramener. « Wodé, wodé » implorions-nous. Le garde donna un coup de pied dans les seaux et engueula la femme.

J’ai transité par les camps de Borissov, de Mojaïsk et de Krasnikow (où j’ai été maltraité) avant d’arriver à Tambow.

A Mojaïsk, pour éviter d’aller étoffer les kommandos d’abattage d’arbres quand les Allemands ont été libérés, je me suis fait enrôler comme cordonnier.

A Krasnikow, le travail était très dur. Dawaï, bistra, raboti ! Je me demande encore aujourd’hui comment j’ai pu surmonter fatigue et lassitude qui plombaient mon organisme. Pour une journée de labeur, nous avions droit à un peu de soupe et un morceau de pain le matin. A midi rien ! Une dernière louche de soupe le soir !

Un jour, après avoir déchargé des pommes de terre hors des wagons, les gardes nous avaient permis d’en faire cuire quelques-unes. Mais un civil les jeta aux cochons.

A Tambow, qui n’a pas connu le froid et la faim ? La vision des camarades morts, le transfert des malades vers les lazarets, qui peut oublier un tel spectacle ? Ajoutant à notre déprime, nous n’avons pas apprécié que des Allemands pussent être libérés alors que nous, nous étions toujours bloqués au camp 188.

 

J’ai été rapatrié le 30 août 1945. » Beyer J., né en 1921


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