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« Incorporé le 23 mai 1943 à Intchewitche, je partis en juin, avec mon unité, surveiller les voies de chemin de fer et participer à la lutte contre les partisans. J’ai également séjourné dans la tête-de-pont de Moguilev.

Six mois après mon incorporation, j’ai été questionné par un instructeur nazi sur mes sentiments politiques. Mes réponses me valurent sans doute d’être transféré directement au front, sans permission. Notre unité spéciale de reconnaissance (Aufklärungsabteilung) fut toujours jetée dans les endroits critiques afin de boucher les trous. Ayant à peine atteint mes 19 ans, j’avais déjà participé à plusieurs batailles bouleversantes.

Lors de l’opération Bagration déclenchée sur le Mittelabschnitt (front Centre) et qui correspondait, trois ans après, jour pour jour, au Plan Barbarossa déclenché le 21 juin 1941, j’ai passé trois journées pénibles dans les tranchées, suite à l’offensive lancée sur la place-forte de Moguilev que Hitler avait fait ériger en Wellenbrecher (brise-lames).

Je fus blessé derrière l’oreille et à l’annulaire gauches au milieu d’une pluie d’obus de mortier tombant drus sur nos positions. Revenu à moi, je constatai que le bombardement intense continuait et que les Russes traversaient le Dniepr. Tandis que la ville était rapidement investie par l’ennemi, je me retrouvai blessé derrière les lignes russes, en compagnie de huit autres éclopés. Ne sachant que trop faire, effrayés à l’idée d’être faits prisonniers, nous nous cachâmes dans une forêt. Au troisième jour, nous nous rendîmes à un groupe de soldats isolés bloqués par une panne de voiture. C’était le 1er juillet 1944, à l’ouest de Moguilev.

Après notre capture, l’un de mes compagnons, touché au bras et dont la blessure tournait à la gangrène, fut isolé du groupe et nous entendîmes des coups de feu. Ne l’ayant plus revu, je me suis dit qu’il ne fallait pas être grand sorcier pour deviner ce qui lui était arrivé.

Amenés dans un camp près de Minsk, nous avons été ré-acheminés sur Moguilev en une colonne de plusieurs milliers de prisonniers. Des scènes atroces se déroulèrent pendant ces trois jours de marche captive.

De Moguilev, on nous parqua dans un train et nous arrivâmes à Moscou le 13 juillet. Après avoir participé à la marche humiliante effectuée le lendemain à travers les rues de la capitale, l’autorité nous mit dans un train à bestiaux et j’arrivai finalement dans le camp d’Asbest, en Sibérie, où j’ai travaillé, entre autres activités, dans une carrière d’amiante.

Le général Petit avait formellement promis aux nombreux captifs qui arrivèrent ensuite à Tambow après le départ des 1500 de revenir les chercher. Mais il aurait mieux fait de ne rien dire, car cette attente fut pire que tout ce qu’on peut imaginer ! Pendant les grands froids, on nous obligeait à aller chercher du bois ; nous étions mal vêtus, le nez gelé. Je passai aussi quelques jours dans une baraque de l’hôpital du camp. Brûlant de fièvre, je sortis vivant de l’épreuve de la maladie grâce à la complicité d’un infirmier qui, moyennant ma portion de pain, me donnait de la quinine pure pour soulager ma malaria.

J’ai souffert également de la mauvaise nourriture distribuée dans le commando de l’écluse.

Quelles épreuves morales et physiques avons-nous surmontées ! Je pense à la cadence rapide avec laquelle les corps nus étaient empilés dans la baraque aux morts, je frémis encore maintenant à l’idée morbide qui s’infiltrait dans  mon esprit de figurer moi aussi, un jour, au nombre de ces malheureux, je songe toujours à l’attente folle et anxieuse du rapatriement promis par le général Petit, je me remémore les corvées de chiottes, je distingue dans mes songes les grosses têtes et les panses gonflées de certains privilégiés comme si c’était hier !

 

Les privations ! L’immense nostalgie de notre pays ! Les nôtres dont on était sans nouvelles ! Autant de planches noires qui ont servi à clouer en forme de cercueil l’enceinte de ce lieu maudit où tant de camarades ne sont plus sortis vivants ! J’ai été rapatrié en France le 23 octobre 1945. » B. Alphonse, né en 1924


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