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« Postée dans la région de Posen, mon unité allait y subir sept semaines d’encerclement. Toute la journée, nous étions assaillis par les tirs de l’artillerie russe, sans parler, la nuit, par des vagues successives de douze bombardiers, survenant toutes les sept minutes, et qui nous assommèrent six semaines durant. Sur ordre du quartier-général, je dus, un jour, sortir prendre des mesures d’arpentage avec goniomètre ; j’étais accompagné de deux surveillants armés pour que le Franzosenkopf que j’étais, ne puisse déserter. A la vue du trio, les Russes, croyant à une attaque allemande, nous délivrèrent, dans le no man’s land, un feu d’enfer de 13 heures à 17 heures, avec le déclenchement tonitruant des orgues-de-Staline et des lance-grenades suivi peu après d’une attaque de panzers, et tout ceci sur trois personnes grelottant de peur. Nous avons claqué des dents pendant ces quatre heures d’enfer et pourtant, les deux gradés qui me surveillaient de près étaient, paraît-il, des baroudeurs chevronnés. 

Dans la ville de Posen, prise sous les bombardements nocturnes incessants, j’ai pratiqué trois fois l’évacuation des cadavres qu’on recueillait dans un drap de lit et qu’on balançait par-dessus les remparts de la forteresse, ceci pour éviter les épidémies. Le plus éprouvant restait le ramassage des corps rétrécis, carbonisés par les lance-flammes. 

J’ai été fait prisonnier le 22 février 1945. Après leur capture, les 20 000 survivants de Posen (sur une garnison qui comptait 200 000 combattants) durent effectuer une marche de trois jours et quatre nuits, alignés par colonnes de 10 hommes marchant de front, d’abord promenés à travers la ville puis emmenés vers l’arrière du front. Beaucoup d’entre nous furent molestés, fouettés, abattus par la foule vengeresse ou par des soldats russes qui s’amusaient.  Seuls, les Français furent embarqués dans des trains en gare de Posen. On nous avait fait croire à un soi-disant retour en France. Mais on voyait bien qu’on roulait toujours plus vers l’Est. Parqués à 70 hommes dans des wagons-à-bestiaux durant 14 jours, on nous ouvrait une fois par jour la porte, pendant deux minutes, afin de nous jeter un grand pain et un seau d’eau. On ne déplora que quelques morts à l’arrivée. Nous apprîmes que le convoi précédent, rempli d’Allemands, n’avait pas été ouvert du tout durant tout le trajet : à l’arrivée, il restait 3 survivants ! Face à cette hécatombe, des sanctions furent prises auprès des responsables du convoi à cause de la disparition de cette main-d’œuvre captive si précieuse et indispensable pour l’économie russe, d’où notre chance d’avoir été mieux soignés durant le trajet. 

On atterrit à Wladimir, à 200 km à l’est de Moscou. J’ai effectué des travaux forcés dans un immense complexe de construction de machines agricoles. Toutes les semaines, après la distribution de vodka allouée à nos gardes russes, c’était à chaque fois une soirée terrible pour nous tous. Ivres, les matons venaient, au cours de la nuit, chercher un souffre-douleurs ; c’est une loque humaine qui se pointait dans la baraque au petit matin.

« Les Français alliés rentrent chez eux ! » Passage au sauna, distribution de linge de corps propre précédèrent notre départ à la gare. « Voici votre train, allez-y ! » On ouvrit les wagons... pour constater qu’ils étaient pleins de charbon ! Il fallut les vider avant de pouvoir y entrer, le déchargement se déroula de 6 heures du matin à 19 heures du soir. « Vous êtes trop sales maintenant, vous ne pouvez pas rentrer comme ça au pays ! Retournez au camp ! » Peu après, on nous refit le coup d’un prétendu rapatriement.  Et puis en raison d’une 3ème promesse de retour non tenue, mon voisin traumatisé en perdit la raison le lendemain : il n’est d’ailleurs jamais revenu.

A Tambow, lors d’une corvée d’abattage d’arbres, trois de nos gars manquèrent à l’appel au moment du retour au camp. On dut les attendre 15 à 20 minutes. Les prisonniers s’étaient simplement éloignés en forêt, voulant chercher quelques rares champignons. Les trois gardes piétinèrent les malheureux devant nous, leur donnèrent de violents coups de pied et de crosse de fusil ; la correction n’arrêtait plus. Finalement, chacun de nous dut passer devant le sous-officier qui nous menaça du revolver en nous faisant crier que leur punition était méritée. Nous avons porté les malheureux au camp ; leur visage n’était plus qu’une plaie.

Vanné par les travaux agricoles effectués dans un kolkhoze, j’ai été mis d’urgence dans un hôpital civil où j’ai été bien soigné. En m’administrant une piqûre, un médecin russe me dit à cette occasion : « N’oubliez pas que chaque mois de captivité passé dans un camp comme Tambow représente un an de vie en moins dans l’existence ! » J’ai été rapatrié le 21octobre 1945. » Diebolt Antoine, né en 1920


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