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Fallecker Fernand

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« 20 mai 1943, cursus dans l’infanterie et séjour en Norvège. Départ vers le front russe le 12 août 1944 et services successifs à Varsovie, sur la rivière Narew et à Stromiec.

Pendant les combats et les assauts russes que j’ai pu surmonter, j’ai connu les plus grandes émotions de ma vie : la peur atroce de devoir mourir bien loin de chez moi, la hantise d’être grièvement blessé, la vue insoutenable de camarades fauchés lors de nos attaques accompagnées par les terribles tirs de réplique ennemis (mortiers, canons ou autres orgues-de-Staline). Mais c’est surtout à Varsovie, lors du soulèvement des partisans, que la peur a atteint son summum, vu qu’on ne voyait jamais les adversaires qui tiraient de partout sur nous.

Dès ma capture qui eut lieu le 17 janvier 1945 entre Stromiec et Radom, ma première épreuve morale concerna la disparition de mon ami alsacien, Keller Pierre, originaire de Mulhouse. Celui-ci, légèrement blessé, fut parqué à part avec d’autres blessés que l’autorité russe disait vouloir diriger vers les hôpitaux mais qui, à mon avis, ont été fusillés. Pendant la marche forcée, entre mon lieu de capture et Radom, il n’y avait pas intérêt à sortir des rangs pour faire ses besoins. Malheur à ceux qui ne pouvaient pas suivre le rythme, ils étaient abattus sans pardon. Les troupes russes qui passaient à côté de nous pour monter au front ne se gênaient pas pour tirer dans le tas aux cris vengeurs de « Hitler kaputt » ou « Da, Berlin ».

Après la première nuit passée dans une grange, les commissaires politiques passèrent dans nos rangs, abattant sans pitié les S.S. présents. Je ne pourrai jamais oublier le soldat s’écroulant à côté de moi, abattu d’un coup de pistolet dans la tête.

Départ vers les camps de Pulawi et de Segesa.

Tambow : Là-bas, le plus éprouvant resta pour moi la faim et les corvées de latrines pour lesquelles je fus désigné d’office deux fois. Traumatisante demeura également cette attente du rapatriement promis aux Français. Quelle immense déception personnelle de ne pas avoir été retenu parmi les rapatriables lorsqu’un premier convoi partit le 2 août, suivi d’un deuxième le 9 septembre 1945. « Quand reverrais-je ma patrie ? » me lamentais-je. Effrayants aussi ces petits détails que l’on peut considérer certes comme dérisoires mais qui s’avéraient catastrophiques dans notre situation : tels le bris de la cuiller en bois ou la disparition d’un sous-vêtement à la bania. Car, pour survivre, la moindre de ces petites choses qui nous restaient avait son importance.

Retour en France le 20 octobre 1945. » Fallecker Fernand, né en 1925


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