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« Engagé volontaire dans la Marine française à 17 ans le 8 mai 1938, j’avais devant moi la perspective de réussir une belle carrière dans cette arme, étant sorti 2ème de ma compagnie à l’école des fusiliers-marins de Lorient.

Au début de la guerre, j’ai vécu une collision entre navires durant un transport de troupes que nous effectuions vers le Liban ; des navires de commerce profitèrent de nos présence et savoir-faire pour se faire installer un armement de D.C.A. sur les infrastructures de leur pont respectif. Notre Ville de Magenta qui assurait le transport des troupes vers la Norvège fut attaqué par des Stukas. Le pacha essaya de se dégager sur Dunkerque, hélas déjà soumis aux fortes attaques aériennes de la Luftwaffe. Nous avons alors débarqué au Havre, marché sur Ouistreham et investi la côte du Mont Canisy. Il fallut ensuite détruire nos pièces de mitrailleuses doubles 13,2 mm, retraiter devant l’avance allemande. Fait prisonnier le 13 juin, j’ai été casé au Fort de Querqueville, bâti à l’ouest de la rade de Cherbourg. Je fus libéré en novembre 1940 en tant qu’Alsacien né après 1918.

Lorsque les classes 1920-21 ont été incorporées de force, je me suis fait engager par un patron boucher bavarois comme Dienstverpflichtet (redevable de service). Considéré comme Français, j’ai pu me faire oublier jusqu’en janvier 1944 où un décret de Hitler m’a fait incorporer de suite dans la marine allemande.

D’abord affecté dans la Kriegsmarine à l’île de Sylt, j’ai été reconverti en fantassin à Wiedmar en juillet. Expédié en septembre sur le front, j’ai servi en Pologne (Varsovie) et subi l’offensive russe de janvier 1945.

Lors de la désertion entreprise par les derniers camarades alsaciens rescapés de ma section, j’ai empêché l’Allemand resté avec moi de tirer sur mes compatriotes. J’ai été arrêté. Le chef de compagnie m’a spécifié que j’allais être fusillé pour aide à évasion groupée et refus d’obéir. J’étais traumatisé à l’idée de passer devant un peloton d’exécution mais aussi très inquiet pour mes parents en Alsace. Allaient-ils payer pour moi ?

Devant mon obstination à refuser d’admettre avoir voulu favoriser cette tentative d’évasion, le tribunal militaire de Piazesno, une ville près de Varsovie, ne m’a condamné qu’à six mois de sanction à purger dans une section d’exécution de punition (Strafvollstreckungszug) et à six mois de réhabilitation au front (Frontbewährung).

Les conditions de travail et l’hébergement étaient épouvantables en première ligne ; je travaillais 18 heures par jour, surtout la nuit (déblaiement de créneaux pour aménager des champs de tir donnant sur la Vistule. En cas de bruit, les Russes nous adressaient des tirs de mortier). En poste avancé sur la rive de la Vistule gelée, j’ai été surpris par un Feuerüberfall (tir-surprise inopiné).

J’ai été fait prisonnier le 19 janvier 1945 en me cachant chez des fermiers polonais pendant la retraite de mon unité. Lors de la capture, devant mon apparition soudaine, un soldat russe a tiré sur moi. Je n’ai dû la vie sauve qu’au fermier polonais qui est intervenu pour que l’enragé tireur s’apaise. Pendant les premiers jours, nous avons marché avec la troupe combattante, sans obtenir de nourriture. Lorsque notre bande de prisonniers a grossi, nous avons été maltraités par les autres troupes de passage. A ma déclaration précisant que j’étais Français, j’ai eu droit aux coups dans la figure (lèvre fendue, dent éclatée). Pendant un Wiederstand (résistance) des Allemands, nous avons été forcés de marcher dans la neige entre les lignes meurtrières.

J’ai connu le camp de Vitebsk et ses annexes où j’ai participé à divers travaux. Le commando de transport et d’emmagasinage du ciment (matériau surtout répandu en vrac car les sacs étaient déchirés donc difficilement transportables) était de loin le plus pénible. J’avais des plaies infectées aux jambes car la poudre grise attaquait la peau, il n’y avait aucune possibilité de lavage ou de nettoyage des plaies.

Nous avons également halé, à l’aide d’un treuil, les troncs d’arbre charriés par la Duna sur sa berge la plus surélevée. Un copain du commando y est décédé.

Comme Français, j’ai été puni de corvées de latrines par des captifs, gradés allemands la plupart.

Toni l’interprète nous maltraitait. J’ai été en proie aux crises de désespoir face à tant d’injustices. Je ne restai pas longtemps au camp principal. J’ai ensuite fait partie de divers commandos à l’extérieur, j’y figurais comme seul Français souvent brimé par les Allemands.

Composé de douze Alsaciens et d’un Luxembourgeois, notre groupe délocalisé a ensuite participé à l’érection du camp de la Sperrholzfabrik (fabrique de contreplaqué). C’est là que nous avons appris que les Français du camp principal avaient été rapatriés. Interpellé, l’officier russe chargé du commando nous a fait répondre par Toni que les Français avaient été déportés en Sibérie et que si nous voulions subir le même sort, c’était à nous de choisir, ou rester ou émigrer sous ces latitudes glaciales !

 

De nombreux camarades malades partaient dans un état misérable vers l’hôpital de Letzi. La mort continuelle de collègues de misère m’inquiétait. A quand mon tour ? Je me sentais comme retranché dans le monde des absents, j’avais moins de droit qu’un prisonnier de droit commun chez nous ! A l’infirmerie de Vitebsk, on m’a soigné pour une dystrophie et une sévère dysenterie. Avant ma libération, j’ai passé trois semaines dans un camp de quarantaine russe, puis une quinzaine à Bregenz en Autriche. Le maïs m’a quelque peu requinqué. J’ai été libéré en avril 1946. A ma rentrée de Russie, j’ai ramené un grand sac de pain sec que j’avais amassé pendant le voyage. Je ne voulais alors manger que des soupes épaisses où je trempais ce pain dedans, je faisais l’impasse sur la graisse et l’alcool tant les ulcères me chagrinaient, il me fallait la sensation agréable et sécurisante d’un estomac rempli. » Fleck Jean, né en 1921


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