« Incorporation le 2 avril 1944, instruction dans l’infanterie à Altwarp en Allemagne puis à Gnesan en Pologne. En novembre 1944, notre unité a établi sa position sur le front dans le Weichselbogen(boucle de la Vistule), région d’Ostrowiecze.

Le 13 janvier 1945, ayant déserté de l’armée allemande, je tentai de me soustraire à la captivité, en cherchant à regagner mes foyers par des marches nocturnes, logeant par ci par là, à la sauvette ! Je fus arrêté, avec une dizaine d’Allemands débandés, par des partisans polonais une semaine plus tard, le 20 janvier. Après notre capture qui se fit en soirée, un des soldats allemands qui avait été victime de brutalités de la part de ces partisans, demanda à être présenté à un officier de l’armée russe afin de pouvoir se plaindre des sévices dont il avait fait l’objet. Pour toute réponse, il fut battu à mort, à coups de crosse de fusil.

Lors de notre marche vers le camp de Tschenstochau, la foule vindicative, massée aux abords de la ville, nous gratifia au passage de jets de pierres et de coups de bâtons, blessant sévèrement plusieurs prisonniers. Ces excès furent perpétrés dans l’indifférence des convoyeurs !

Arrivés dans l’enceinte du camp au soir du 24 janvier, nous fûmes obligés de rester dehors dans le froid, en rangs serrés jusqu’au lendemain 5 heures du matin ; ce fut une rude épreuve au cours de laquelle je subis un malaise cardiaque. Après la prise de possession de nos baraquements, les responsables du camp nous laissèrent pendant 36 heures sans aucune nourriture, sous prétexte que notre arrivée s’était annoncée plus tôt que prévue.

J’ai également séjourné dans le camp de Stanislau où j’ai travaillé dans une tannerie. Puis, expédié à Tambow, je fus admis au lazaret pour dysenterie et hydropisie. Là-bas, lors du décès à peine constaté de camarades, les soi-disant infirmiers se disputaient aussitôt les rations de pain que les moribonds n’étaient plus arrivés à consommer. J’ai pensé y mourir. Pauvres camarades qui n’ont pas eu ma chance de rescapé ! Quel spectacle effrayant que d’assister au transport effectué en charrette à cheval de camarades, morts au camp, vers les fosses communes. Mon rapatriement eut lieu le 20 octobre 1945. » Freyburger Aloyse, né en 1913

 

« ■ RAD du 7 octobre au 29 décembre 1942. Fin octobre 1942, alors que nous étions occupés au stockage des munitions entreposées dans les souterrains à Xanten, nous fûmes rappelés pour une inspection. A peine arrivés dans notre camp situé à proximité de cette fabrique de munitions, une violente explosion fit sauter l’usine. Le souffle tonitruant nous projeta à terre. Bilan de cette catastrophe : plus de 40 morts parmi le personnel.


■ Armée allemande : incorporation le 16 janvier 1943. Après l’instruction, nous avons été détachés à un poste de surveillance de la voie ferrée, placé à quelques kilomètres d’Ivatsewitche. Deux sous-officiers et vingt soldats composaient notre groupe.

Un jour, au mois de mai 1943, notre poste fut encerclé vers minuit par les partisans. J’étais sur la voie ferrée et il me fallut rejoindre notre Stützpunkt, un fortin d’appui, pour aider à briser l’encerclement.

Au front russe : Au cours de l’avance effectuée vers le Dniepr, le 28 septembre 1943, le camarade qui marchait devant moi et celui qui me suivait tombèrent tous les deux sous les balles des mitrailleuses. Je me suis trouvé ensuite sous le feu permanent de l’orgue-de-Staline durant trois interminables journées avant d’être capturé. J’ai été fait prisonnier le 1er octobre 1943 près du fleuve Dniepr, dans le secteur de Kiev, au cours d’une attaque où des Russes avaient percé notre ligne à environ cent mètres de notre position. Devant le surnombre, nous nous rendîmes. Nous étions cinq soldats à entrer en captivité.

Les Rouges nous dépouillèrent de tout. Je ne restai propriétaire que de mon pantalon et de ma chemise. Puis, ils nous placèrent devant une mitrailleuse pour nous fusiller. Simulacre ou intimidation ?

Après les nombreux et longs interrogatoires subis, s’ensuivirent des marches pénibles qui eurent lieu durant des journées entières : nous n’avions rien à boire ni à manger. On nous enferma plusieurs jours dans une ancienne réserve à carottes creusée dans le sol, toujours sans boire ni manger. Après un dernier interrogatoire, nous reprîmes péniblement notre marche jusqu’à un camp de fortune installé dans un village. De là, une longue trotte sous la pluie et dans des chemins boueux nous emmena jusqu’à une gare, toujours pieds nus. Nous passâmes la nuit dans une baraque, grelottant de froid, et attendant impatiemment de pouvoir prendre le train le lendemain jusqu’au camp de Kharkov. Et là, comme les jours coïncidaient avec l’anniversaire de la Révolution d’Octobre, le morceau de pain quotidien nous fut supprimé. Aussi, le nombre de décès augmenta-t-il rapidement. Tous nos camarades qui mouraient d’épuisement, furent traînés nus dans des tranchées que l’on recouvrait de terre au fur et à mesure de leur remplissage.

Parmi tous les transports, celui de Kharkov à Tambow fut le plus terrible ; quatre-vingts captifs, peut-être plus, moururent en cours de route. Dans notre wagon-à-bestiaux surchargé, il était impossible de s’allonger sur le dos, et ce par manque de place évident. Un de nos camarades perdit la raison au cours du transport, sa folie furieuse et ses crises incontrôlables furent un moment pénible à surmonter.

Arrivée en gare de Rada vers la mi-décembre 1944. Après une longue attente devant la porte du camp, dans la neige et le froid, les Russes nous placèrent en quarantaine. Un grand nombre de nos camarades y succombèrent de maladies et d’épuisement. Vision journalière insoutenable de nos compagnons décédés que l’on traînait nus vers la baraque des morts ! En me réveillant un matin, je voulus m’adresser à mon voisin couché à ma droite, il ne répondait plus. Je m’adressai alors à mon copain couché à ma gauche, lui aussi était mort ! »

 

Fritz Eugène, né en 1920


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