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Furstenberger Antoine

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Départ de mes foyers le 18 janvier 1943 pour une formation militaire dans les Gebirgsjäger (chasseurs alpins), l’instruction me fut dispensée en Tchécoslovaquie. J’ai effectué mon service armé au Kouban (Krimskaya) et sur les  rives de la Mer Noire avec 20 jours de corps-à-corps à mon actif.

A Woltemanskaya, alors que notre section avait été envoyée en repos de trois jours à l’arrière, elle fut rappelée pour former une compagnie d’honneur à l’occasion d’imposantes funérailles : en effet, des milliers de fantassins allemands morts avaient été transportés dans des camions du poste de secours principal jusqu’à notre lieu de détente. Après que tous ces infortunés soldats furent alignés puis ensevelis dans une longue tranchée commune, notre piquet d’honneur tira une salve de cinq coups en l’air.

Le 14 juillet 1943, à 4 heures du matin, les Russes commencèrent à nous bombarder. Dans cet enfer, les tirs de barrage, les feux roulants et les stukas avec leur sirène se succédaient. On ne voyait plus rien ; au milieu des explosions qui provoquèrent un brouillard asphyxiant, les éclats meurtriers fusaient en sifflant. A la fin, nous n’étions plus que 7 hommes rescapés sur toute la compagnie ; moi-même sonné, je n’ai gardé que quelques séquelles de ma blessure à l’épaule droite. La plaine était jonchée d’innombrables cadavres provenant des deux camps.

Derniers combats en Slovaquie entrecoupés de chasse aux partisans. J’ai été capturé le 10 décembre 1944 après l’évasion que j’ai entreprise hors de mon unité près de Silvas (entre la frontière russe et les Carpates). Dans le premier camp polonais, nous avons été fouillés puis envoyés au poste de secours principal russe : beaucoup de morts et de blessés s’y trouvaient. Un commissaire est alors arrivé, revolver à la main. Furieux et gesticulant sans arrêt, il a pointé son arme sur les cadavres russes, avec l’air de nous dire que leur mort avait été occasionnée par nos actes, s’est approché de nous et nous a frappés à la tête avec son colt bien menaçant. Ensuite nous sommes passés entre deux rangées de soldats russes qui nous ont tabassés avec la crosse de leurs fusils. Arrivés au Q.G., un général nous a interrogés (nationalité, etc.). Lorsque j’ai dit que j’étais Français, le haut gradé a sorti son pistolet pour me tuer, mais un subordonné placé à côté de lui l’en a empêché.

 


J’ai été admis au lazaret de Sampor (avec un état de santé lamentable qui m’interdisait tout travail). Surveillés par des sentinelles russes et crevant de faim, nous avons essayé d’arracher l’herbe en passant les bras sous les barbelés. Certains gardes tiraient en l’air pour nous effrayer. Mais il y en avait un qui nous tirait dessus et le sadique eut beaucoup de morts sur la conscience : tuer un homme pour un peu d’herbe ! Nous ne disposions pas d’eau pour nous laver. Un prisonnier était plein de pus de la tête aux pieds. Nos baraques dans le camp polonais étaient dépourvues de toit. Si l’un de nous sortait, il se faisait tuer. Le camp de Tambow était moins terrible que celui de Pologne. J’ai été rapatrié le 24 octobre 1945. Furstenberger Antoine, né le 10.8.1924


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