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« Pendant l’occupation, à l’âge de 17 ans, j’ai été frappé par un gendarme allemand pour n’avoir pas salué à main levée le drapeau nazi porté par un groupe de S.A (Sturm Abteilung, section d’assaut du parti national-socialiste) qui défilait de façon imprévue à 30 mètres de moi (sanction que j’ai jugée incompréhensible à cet âge). Une autre fois, j’ai été arrêté pour avoir été l’ami d’un passeur qui s’était échappé de la Polizei sans avoir pu être retrouvé.

16 janvier 1943, me voilà affecté dans les panzers avec instruction passée en Autriche. Après avoir soigné durant sept mois ma jaunisse, je fus envoyé sur le front en août 1944 ; les derniers combats me concernant se déroulèrent sur la frontière polonaise. Un soir pendant la retraite, nous avons été isolés de la compagnie en raison des combats acharnés qui avaient fait éclater notre section. Alors que nous ne formions plus qu’un petit groupe de quatre soldats exténués, nous avons décidé de passer la nuit dans une maison délaissée histoire de nous y reposer. Nous nous sommes installés ensemble dans une chambre et peu de temps après, une grenade (ou un obus) a éclaté dans la pièce. Les trois copains (un Viennois, un Berlinois et un Munichois) furent tués par les éclats, moi je n’avais aucune égratignure ! Le choc de cet événement ne m’a jamais quitté.

Après avoir pu communiquer ces tristes faits à ma libération aux différentes mairies de résidences des trois tués, on a pu retrouver l’épouse et l’enfant du Munichois, lesquels m’ont rendu visite en France après guerre.

Capturé le 17 janvier 1945 après avoir été caché par des amis polonais en attendant l’avance du front russe, j’ai tenté d’expliquer à un groupe de soldats soviétiques par des bribes de mots que j’étais Français. « Franzous ! moi, Elsass ! Alsace ! » L’un d’entre eux a dû comprendre « S.S. » et j’ai été assommé d’un coup de poing sur l’oreille gauche.

Tout près de moi marchaient deux frères Malgré-Nous luxembourgeois. L’un d’eux a été tué à côté de l’autre par une rafale de mitrailleuse tirée d’un char russe qui nous avait croisés pour monter au front. Cette barbare rupture de fraternité (vécue en direct) a été atroce, l’aîné a dû abandonner son frangin et poursuivre seul son chemin d’infortune long de cinq jours vers la captivité. Vidé de tout sentiment l’infortuné marchait comme un automate. Derrière le convoi de prisonniers, les mitraillettes crépitaient pour achever les blessés et les malades exténués qui ne pouvaient plus suivre ainsi que les éventuels simulateurs. Apparition de la mort à tout instant !

Camp de Pulavi : je suis resté dans le camp en y effectuant diverses corvées.

Camp de Segesa : emportés tous les matins en bateau, nous transportions à dos d’homme de gros troncs d’arbre vers le rivage ; il fallait ensuite constituer un gros radeau avec ces grumes flottantes qu’un vapeur acheminait par flottage vers une usine fabriquant du papier brut. Le soir, on retournait par bateau au camp avec interdiction de quitter le pont où le froid vif nous congelait. Nous restions parfois des journées et des nuits entières avec des habits trempés ou humides sur la peau. Au lazaret, on tenta de soigner avec les moyens de bord mes diarrhées qui s’enclenchaient 10 à  20 fois par jour.

Tambow : quel choc au réveil dans la baraque, d’entendre l’annonce de la mort au cours de la nuit de tel ou tel prisonnier décédé simplement par suite de privations, subies encore après l’armistice ! Ces événements étaient d’autant plus démoralisants qu’il s’agissait souvent de camarades qui avaient le moral comme nous le disions. Un garde français de notre baraque de la quarantaine m’a dénoncé pour m’avoir vu passer un peu d’eau dans une boîte de conserve à un ami qui venait d’arriver à Tambow. Ce geste charitable qui m’a valu une journée de latrines aurait pu causer ma mort si …. mais ceci est un autre événement.

En dehors de la soif, de la faim et de la vision journalière de la mort, c’est l’ignorance et l’incompréhension par les autorités russes de notre situation d’incorporés de force qui était fort démoralisante. Il faut aussi signaler l’absence de la Croix-Rouge qui n’a pas su s’imposer. Retour le 21 octobre 1945. »

 

Gutzwiller Antoine, né en 1924


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