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« Incorporé le 28 juin 1943 dans un régiment de Pionnier, j’y fus nommé d’office Gefreiter (caporal) pour avoir été 1ère classe dans l’armée française ; je récusai ce grade, peu conforme à mes convictions patriotiques.

Evadé de Berlin le 3 décembre 1943, je fus repris le lendemain à Francfort-sur-le-Main et reconduit à la prison  militaire de Berlin-Tegel, menottes aux mains. (Ne sachant pas que j’étais déjà sous les verrous, la Gestapo, non avertie de mon arrestation intervenue entre temps, vint fouiller toute la maison familiale dans l’espoir de m’y trouver). Puis, après avoir transité par le camp de concentration d’Oranienburg, j’allai passer cent cinq jours de cellule à Postdam, Garde-du-corps Strasse n° 22. C’était la fête nulle part dans ces endroits ! Je crois que vous avez peut-être connu les nazis et entendu parler de leurs manières ? Inutile donc de vous faire un dessin ! Je suis passé devant le Conseil de guerre à Angermünde. A la question de savoir si j’étais volontaire pour la Russie, je n’avais plus d’autre choix que d’approuver les décisions du tribunal.

« Nehmen Sie Frontbewährung ?  Prenez-vous une réhabilitation au front ? m’a interrogé le juge militaire.

- Estimez-vous qu’en mon for intérieur, sehr geehrter Justinz Inspektor, je puisse accepter librement autre chose que votre diktat ? » répondis-je à l’officier qui s’étrangla de colère. Alors, pour calmer le Parquet, je finis par répondre oui.

Les gradés composant la justice militaire étaient furieux. « Oui, on vous connaît, vous les Alsaciens-Lorrains. Dans quinze jours, vous serez quand même chez les Russes ! » En attendant, direction laStrafkompanie Infanterie Ersatz Batalion 500 à Skiernewice, en Pologne, où tous les punis allemands s’étonnaient de ma présence insolite à leurs côtés. J’avais pris cinq mois de prison comme tarif pénal (2 mois pour désertion, 3 mois pour avoir imité la signature du Hauptmann sur ma feuille de permission trafiquée) alors que, aux dires des sanctionnés allemands, il fallait au moins être puni de sept mois pour arriver dans un tel régiment disciplinaire. Allez comprendre !

Après un entraînement très, très dur, pire que chez les bêtes, nous avons été dirigés (une compagnie de 150 têtes, officiers, sous-officiers et hommes de rang compris) dans le secteur de Vitebsk-Orcha..

Après les combats, nous nous retrouvâmes à sept gars en captivité le 26 juin 1944. Nous avions été encerclés dans une forêt où des chiens limiers nous avaient débusqués. Le premier soir, je perdis mon meilleur copain, originaire de Hamburg et jeune marié comme moi. Pour ma part, j’avais été blessé par un éclat d’obus au pouce gauche, lequel mettra longtemps à guérir.

Les Mongols étaient des sauvages qui vous crachaient à la figure toute leur haine viscérale. Nous avons souffert des marches forcées, sans boire ni manger et cela durant sept jours. Après le fameux défilé de la victoire dans les rues de Moscou, j’ai été dirigé sur les mines de Stalino pour aller travailler dans le parc à bois. J’ai une fois été menacé de mort pour avoir dérobé une courgette (Kurbis) dans un jardinet attenant au stock de bois de mine. Handicapé par ma blessure au doigt qui suppurait, je fus secouru par une espèce de vétérinaire. J’avais la main et l’avant-bras tout enflés. Je crois qu’il ne me restait plus beaucoup de temps pour éviter la septicémie ; aussi, avec un canif, le praticien me coupa-t-il dedans, sans piqûre ; heureusement j’étais fort de nature ! Le pus sortit. Mais après cette intervention, des asticots pullulèrent dans la plaie laissée sans soins, faute de pansement. J’étais à la dérive. Du jour au lendemain, un Alsacien d’Otrott mourut là-bas, à la suite d’une piqûre, (je ne connais plus l’identité du malheureux).

Au début de décembre 1944, les Russes nous dirent : « Franzouski dawaï, scora domoï ». Nous étions tous très contents de rentrer à la maison. Mais nous fûmes dirigés sur Tambow. Le transport dura trois semaines dans des wagons-à-bestiaux, sans W.C, juste un petit trou dans un coin du plancher. Comme il faisait très froid, le wagon était blanc de givre provoqué par la buée et la condensation humaines. Et à l’aube, je constatais en palpant mes membres inférieurs que deux endroits étaient littéralement gelés sur ma cheville droite, comme pétrifiés et insensibles à toute palpation. Trois gars moururent dans notre wagon.

J’attrapai la dysenterie durant l’hiver, et avec beaucoup de mal je réussis à survivre. Après cela, le typhus s’en mêla : de petits furoncles laissaient échapper un liquide blanc collant. Cette maladie s’illustra de la ceinture jusqu’au bas de mes jambes, mais seulement sur leur face antérieure. Je fis un stage à l’infirmerie du camp pour me retaper. Dans les baraques, on avait affaire, le jour, aux puces et aux poux. La nuit, c’étaient les punaises qui se laissaient tomber sur nos frêles carcasses pour sucer notre dernier sang. J’ai participé à la corvée de bois pour les cuisines. Le 23 octobre 1945, j’étais dans les rues de Paris. 

J’ai oublié beaucoup de souvenirs, ma mémoire a baissé et elle me fait actuellement parfois l’effet d’une photo floue qui n’a pas réussi.» Hamann  Pierre, né en 1915

 

 


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