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« 16 mai 1943 : classes et formation de fantassin passées en Allemagne, Pologne et Norvège.

En Norvège, la mort de mon cousin germain tué le 15 mars 1944 alors qu’il était muni de son billet de permission m’a sonné littéralement parlant. Prêt à m’embarquer à mon tour à Oslo pour passer une permission de 24 jours chez moi, j’ai été refoulé pour être expédié illico presto en Russie. Quelle déveine !

Au front à peine notre tour de garde effectué, nous étions encore envoyés faire des patrouilles en plein jour, à découvert, pour tester les lignes adverses et si possible repérer les tirs ennemis (il y eut 2 morts sur 6). Pendant un mois, durant les patrouilles nocturnes, il nous fallait noter les bruits des préparatifs russes. Un jour, j’ai été pris sous un feu de mortier, aucun projectile n’a heureusement explosé en retombant par terre pour y libérer ses meurtriers éclats baladeurs. J’ai bénéficié du même facteur chance dans les tranchées où les bombes se sont écrasées sans détoner. Lors d’une patrouille où j’ai été pris sous les échanges de tir, une balle s’est logée dans la crosse de ma mitrailleuse…Beaucoup d’autres faits sont restés inexplicables et m’ont bizarrement détourné du péril alors que je me trouvais toujours en première ligne ! Parallèlement à cette chance inouïe qui me soustrayait étrangement au danger encouru, la peur me générait aussi l’énergie nécessaire pour sauver ma peau.

J’ai été capturé le 17 octobre 1944 près de Kalvaria en Lituanie. Partant d’un camp transitoire (près de Minsk, je crois) fin décembre, nous avons été embarqués à plus de 40 dans des wagons-à-bestiaux, destination Tambow. Chaque équipage de wagon était nourri à la portion congrue, avec du pain sec, une cuillère de sucre, un cube de potage, des têtes de hareng salé et un seul seau d’eau chaude tirée de la locomotive. Des bagarres éclataient lors de la distribution de nourriture. Au cours du trajet, un train de permissionnaires russes a tiré dans les wagons : les morts furent balancés sur le ballast, sans oublier les copains A-L qui moururent de soif ou de fièvre et qui prirent le même chemin funeste !

En gare de Moscou, nous sommes restés trois jours sans nourriture, de la veille de la Saint-Sylvestre jusqu’au Nouvel An, car les convoyeurs étaient partis fêter l’événement en allant vendre nos rations. A tour de rôle, un des captifs projetait son haleine sur le métal intérieur de l’habitacle, un autre léchait le givre qui se formait sur la ferraille. Il n’y avait pas de poêle ni de feu ou du matériel pour réchauffer les – 30°C du logis roulant. Ce fut une lutte périlleuse et épique pour la survie. Tout le monde était paniqué et fiévreux. Le transport dura 15 jours. Quelle déception terrible alors qu’on nous avait promis un voyage agréable ! A la descente finale à Rada, beaucoup de prisonniers se précipitèrent sur la neige en l’avalant par poignées. Plusieurs sont morts de ce fait.

Tambow ! Il fallait un mental à toute épreuve face au spectacle de désolation qu’on y rencontrait. Je découvrais, à mon réveil que des amis qui s’étaient paisiblement endormis à côté de moi, avaient rendu l’âme sans crier gare. Les voisins de litière me frappaient à coups de pied la nuit parce que j’avais la fâcheuse habitude de parler et de hurler pendant mon sommeil. Un ami a perçu une ration de tabac et de pain après avoir pelleté des débris osseux humains sur un camion et les avoir déchargés en forêt.

Dans le kommando de l’écluse, combien de camarades sont morts ? Et que penser des punitions qu’on infligeait à ceux qui n’avaient plus la force de remplir la norme ?

 

Il m’arrive parfois de penser au responsable de prisonniers ; il était originaire de Colmar. Habillé dans une tenue kaki avec le grade de sergent, il puisait dans les réserves de la cuisine et détournait surtout les bouteilles d’huile. Concoctant des petits plats, il cherchait à être bien vu du commandant russe, s’ingéniant même à lui adresser des plats de frites ! Prétendant manquer de nourriture pour sustenter ses pairs et pour cause, il arrivait à cet aigrefin d’envoyer 40 gus dans les environs du camp pour y récolter du cresson, des racines et autres herbes afin de pouvoir préparer une soupe collective pour tous les captifs. Le peu d’huile qui restait était versé dans la marmite dont le contenu devait servir à nourrir à la fois les commandos exténués qui travaillaient 12 heures par jour mais également les autres gars postés durant la nuit ! Quelle injustice ! A chaque appel précédant le rapatriement, les autorités lisaient les noms des prisonniers devant un grand rassemblement réunissant les futurs libérés. Comme je n’entendais jamais mon nom lors de la formation d’un contingent en instance de départ, j’ai eu peur. Lors du dernier convoi, j’ai annoncé ma date de naissance, c’était enfin bon. La phonétique de mon nom y était-elle pour quelque chose, les Russes ayant du mal à prononcer les H ? (Hitler se prononce Gitler en russe, Ndr). Le jour où j’ai quitté le camp, deux amis et un gardien m’ont traîné jusqu’à la gare ; je n’avais plus la force de mettre un pied devant l’autre. J’ai été rapatrié le 6 novembre 1945. Dans notre cité, nous sommes partis à 15. A la fin du conflit, 5 sont revenus, dont un, atrocement mutilé. J’ai perdu mon frère, mon beau-frère et mon cousin germain à la guerre. Mon oncle disparut à Dachau, sa fille mourut au retour du camp. » Hengel Nicolas, né en 1925


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