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« Au conseil de révision, le père d’un de mes copains protesta énergiquement contre l’incorporation forcée. Il fut arrêté, envoyé au camp du Struthof et fusillé. Cet acte de rébellion s’est passé à Kaysersberg, mon village.

Brigadier-chef dans l’armée française, je devins Obergrefeiter (par ancienneté dans le grade) dans un régiment d’artillerie lourde stationné à Prenzlau en Prusse-Orientale, le 23 avril 1943. Durant un encerclement, j’avais été réquisitionné avec insistance par un gradé et sous menaces d’exécution, j’ai dû aller m’installer derrière une mitrailleuse alors que je ne possédais aucune formation pour le maniement de cette arme. Une telle implication aurait été ma mort certaine, car les mitrailleurs repérés étaient liquidés par les tireurs d’élite russes ou par l’avalanche de leurs tirs de mortiers pleuvant sur le poste de guet. Heureusement cela s’arrangea devant notre position et nous pûmes passer à travers la tenaille, mais avec de grandes pertes.

Lors de notre capture réalisée dans la région de Vitebsk le 25 juin 1944, nous étions à peu près trois mille soldats rassemblés dans une clairière. A la vue de six chars ennemis très agressifs qui s’avançaient vers notre position, nous essayâmes de fuir mais les tankistes ouvrirent le feu. Au bout d’un meurtrier quart d’heure de canardement, nous étions encore 250 survivants ; les blessés reçurent le coup de grâce.

Nous avons marché nuit et jour. Celui qui ne pouvait plus avancer était emmené au bord de la route et abattu.

Au cours d’une marche forcée, alors que nous étions affamés, des villageoises s’approchèrent de notre colonne et essayèrent de nous donner du pain. Les gardiens intervinrent en réprimandant les femmes et détruisirent sur le champ ce qu’elles voulaient nous donner.

Au cours d’un mémorable transport qui réunissait 80 personnes par wagon-à-bestiaux, nous restâmes trois jours sans ravitaillement, sans  nourriture et sans eau, sous une chaleur torride.

J’ai connu des moments très éprouvants à Tambow : la peur d’être perdu à jamais, la sous-nutrition, le manque d’hygiène dans les baraques, la présence de poux, de souris et de rats.

 

Je pense souvent à la perte de mon camarade Schlerett Henri, originaire de mon village, mort dans des conditions inhumaines. J’ai été rapatrié le 25 octobre 1945. » Hobel Charles, né en 1915


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