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Wendel Marcel †, né le 3.3 .1925 
 
Je ne partis pas au R.A.D . (travail obligatoire) puisque j’étais apprenti-tourneur à Forbach. J’usinais les obus 8,8 des canons Pak. Le 27 septembre 1943, jour de la fête de Henriville, après avoir embarqué à la gare de Saint-Avold, je fus enrôlé dans la Wehrmacht avec six semaines de formation (Ausbildung) à Glockau. Je me souviens d’une mésaventure survenue là-bas. Un capitaine nous avait surpris à suivre mollement les exercices du parcours de combattant et surtout le fameux « hin...legen, Marsch, Marsch» que nous exécutions en ayant l’air de malheureux perclus de rhumatismes. Le drill qu’il nous asséna, je ne l’oublierai pas de sitôt. Trempés, les genoux et les coudes en compote, les treillis troués de partout, c’est dans cet état que nous revînmes à la caserne ! A Glockau Un jour, nous fûmes invités à écrire notre chemin de la vie (Lebenslauf) en français. Démarche qui m’apparut bien singulière et insolite vu que les Allemands exécraient les Franzosen ohne Hosen (les Sans-Culottes). 
 
Puis, je fus convoqué dans une autre caserne. Assis entre deux gradés (un capitaine et un lieutenant) s’exprimant correctement en français, je dus répondre à toute une série de questions ayant trait à mon éducation scolaire, à la sensibilité politique de mes parents, à mes propres vues sur le régime nazi, etc... Je pris bien soin de leur répondre en allemand, car je sus bientôt le pourquoi de tout cet interrogatoire subtil. Accompagné d’un autre Lorrain, du nom de Bitsch qui passa également au confessionnal, nous partîmes peu après au stand de tir prendre connaissance des graffiti apposés là, sur un mur par une main inconnue : « Vive de Gaulle, A bas Hitler ! Chère Lorraine, mon fier pays. Je te chante plein d’ivresse. Toi qui me donnas la vie. Sois ma joie et ma tendresse ! Ces vallons et tes coteaux comblés d’immenses richesses.... » 
 
Je compris aussitôt le pourquoi de notre interrogatoire. Seuls Lorrains de l’effectif, l’autorité comptait dans un premier temps nous confondre à travers l’écriture. Les similitudes graphiques n’étant pas apparues, on nous testa sur notre état d’esprit. Rien ne put être prouvé, car en fait nous n’étions pas à l’origine de cette écriture rupestre. Toujours est-il que je me méfiais énormément de cette situation. Car un élément jugé peu fiable était expédié en première ligne et n’était pas au bout des tracasseries. J’atterris au Heimatpferdelazarett (hôpital à chevaux) à Leipzig pour... manque de poids et dents en mauvais état. Aubaine, car la Wehrmacht semblait m’oublier, mais seulement jusqu’au 20 juin où on m’affecta à Dresde puis à Litzmoritz en Tchécoslovaquie, dans le Festungs Maschine Gewehr Batalion 38. Arrivé là-bas, je fus repéré par mon nouveau lieutenant, le dénommé Roth, qui me gratifia d’une engueulade mémorable pour manque d’idéal combatif et désagrégation de la force armée (Zersetzung der Wehrkraft). En possession de mon livret militaire, il a pu sans doute y lire le peu d’empressement que j’affichais dans mes convictions. Et il saisit la balle au bond, au stand de tir pour me houspiller vertement car je n’avais réussi à toucher les cibles que de manière fort inégale (11 points puis 9, 5, 3 et également une Fahrkarte (cible non atteinte). Là-bas, j’ai traversé le fameux camp de concentration de Theresienstadt, par un cheminement qui nous permettait de raccourcir l’itinéraire du retour vers notre casernement. Bon Dieu, de quoi se plaignaient ces malheureux captifs juifs ? Tout là-bas était admirablement aménagé ; je me souviens même avoir vu une boulangerie ouverte. Les draps bien blancs pendaient aux fenêtres ; seul un vieillard au visage émacié pouvait détonner dans le paysage. En fait, et tout le monde l’avait compris, ce camp servait de vitrine flatteuse aux tortionnaires nazis qui pouvaient ainsi prouver aux organismes caritatifs (Croix-Rouge,...) que Theresienstadt (et par voie de conséquence fallacieuse tous les autres camps) n’était pas la porte de l’Enfer, encore moins la géhenne décrite comme certains voulaient bien l’affirmer. 
 
Cette ville où un simulacre de vie concentrationnaire à la bonne franquette était instauré, était encadrée par des fortins herbeux sur lesquels paradait la garde S.S chargée de surveiller cette ville-mystère. Ce fut un séjour de courte durée. Les Américains ayant percé à Wasserbilig (Luxembourg), nous fûmes heureusement appelés vers l’ouest, plutôt que vers Graudenz, à l’est, chez les Russes ! Le Leutnant Roth moins pète-sec que prévu résuma d’une manière laconique son soulagement : « Kleiner, wir haben Glück, wir sind in Kassel im Westen. Petit, nous avons de la chance, nous sommes à Kassel à l’ouest. » Du côté de Hüttingen, nous devions aménager les bunkers de la Westwall (ligne Siegfried). Devenu Melder (estafette) là-bas et installé en forêt, je reçus l’ordre d’apporter des directives à un groupe de fantassins stationné à mi-pente dans un bosquet. Posté face à eux, un tankiste U.S, insouciant, le buste sortant de la carapace d’acier sous le soleil innocent d’octobre, se fit tuer par un de nos fanfarons. La réplique carabinée de la part de l’adversaire ne se fit pas attendre ; il envoya cinq tanks Sherman assaisonner le bosquet. Je trouvai mon salut derrière un rocher en grès. Cinq de nos soldats moururent ce jour-là, avec un lot de nombreux blessés. Une autre fois, une volée d’obus de mortiers U.S. s’abattit sur notre section, installée au fond d’une vallée. Quelle impression désagréable ressentions-nous lorsque ces indésirables projectiles éclataient ! 
 
Le lieutenant Roth m’aimait bien ; au lieu de m’envoyer au casse-pipes et pour éviter de me faire revenir chaque soir en secteur dangereux, il me divulguait le mot de passe en me l’envoyant par radio, mais de manière très subtile : «Junger, viel Gefahr, wir sind mit Mann und Maus verloren, Ia, Ia, mit Mann und Maus. Petit, beaucoup de danger, nous sommes perdus corps et biens. » (Je savais alors que le mot de passe était : Mann und Maus). Ce lieutenant ne tentait pas le diable. Malgré la supériorité en nombre de notre section, il préféra laisser filer l’équipage d’une jeep venue faire la curieuse dans notre dispositif. « Planquez-vous ! » nous suggéra-t -il . Les Américains firent bientôt demi-tour, rapportant que le secteur était calme, ce qui ne nous vexa nullement ! Les effectifs se réduisant sans arrêt, je suivis plusieurs formations derrière la ligne Siegfried d’abord comme un espèce de vorgeschobener Beobachter, en fait comme pointeur régleur au poste d’observateur avancé. Cela ne me plaisait pas. Je devais, par un rapide calcul, déterminer les degrés des angles de tir et les adresser par phonie aux canonniers. Je m’arrangeai pour changer de registre. Et je devins canonnier... mais comme deux Lorrains qui faisaient partie de ma section avaient déserté, on me releva et j’atterris comme tankiste-chargeur dans un Panzer IV ! 

J’étais lancé dans la bataille des Ardennes. Nous n’avons fait que suivre dans le brouillard la trace des Königstiger (Tigre Royal) et n’avons jamais été inquiétés par les roquettes ennemies lors de notre chevauchée blindée. Mais face à Dinant, halte ! Devant nous, les G.I .’s se recroquevillaient et nous attendaient de pied ferme. Je ressentais une sensation intérieure très pénible lorsque des balles de mitrailleuse crépitaient sur l’acier en répercutant leur bruit métallique amplifié sur notre cercueil chenillé ! L’odeur de poudre saisissait à la gorge, les gaz nauséeux de diesel incommodaient l’équipage dans notre engin, comparable à un sarcophage que nous aurions eu toutes les peines du monde à quitter en cas de tir direct au but ! Face à de rugueux adversaires qui reprenaient leur offensive, on nous donna un discret ordre de retraite : à côté de nos culasses sabotées sans bruit, nos réservoirs percés, nos épiscopes et nos appareils de visée furent rendus inutilisables. La division Das Reich n’était pourtant pas loin mais elle ne put rien faire contre la détermination des Américains, aidés par leurs avions de chasse qui avaient pu reprendre les airs, le ciel s’étant dégagé. Nous retraitions dans la neige. Beck de Hambach et moi-même, désireux de déserter, avisâmes une forêt de sapins 
dans laquelle nous nous enfonçâmes. L’Oberfähnerich Schwenkenbächer nous héla : « Beck, Wendel, revenez ici, de suite ! C’est un ordre ! » 
 
Sans daigner lui répondre, nous filâmes nous planquer. Nous nous crûmes à l’abri, attendant avec l’impatience que l’on devine les patrouilles américaines. Étant eux- mêmes encerclés, les Allemands refluaient et cherchaient des issues pour échapper à la nasse. Nous nous dissimulâmes tant bien que mal, très inquiets à l’idée d’être découverts. Une désertion, pour nous, signifiait le peloton d’exécution. Au matin, nous nous rendîmes à la ferme Hubaye où un paysan patriote belge revint en jeep avec quatre fantassins U.S., pour faire, (à notre grande surprise, car nous ne pensions pas être si nombreux dans cette forêt) quelque 300 prisonniers ! Je me retrouvai à Namur, au camp de prisonniers des Allied Nations et je pus distinguer dans le camp limitrophe au mien, mon Schwenkenbächer, bien amer et marqué par la défaite.
 
Il me dévisageait sans rien dire. Le camp qui était prévu pour accueillir 5 000 PoWs (Prisoner of War = prisonnier de guerre) en abrita bientôt vingt mille. Notre ration journalière était d’un pain pour dix personnes et d’une boîte de sardines pour deux avec une boisson citronnée très sucrée. Peu après, nous atteignîmes Soissons où les Lorrains furent récupérés et libérés. Ensuite, ce fut Paris et enfin le village de Bonnes en Charente (lieu d’exode des habitants du village de 
Farébersviller de septembre 1939 à octobre 1940), en attendant le retour dans mes foyers ! Wendel Ernest né le 6.12 .1926 Ses yeux bleus et son teint blond le firent remarquer comme "aryen". Mais il refusa d’entrer dans la Waffen S.S. En 1944, formation à Glückstadt (île) comme fusilier marin puis départ vers le Ostsee. (Son père, fusilier en son temps dans la marine du Kaiser, partit en Chine). Il mourut durant la bataille des Ardennes le 22 décembre1944 à Saint-Vith. Il venait à peine d’avoir 18 ans ! 
 

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