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Greff Emile † (camarade de Marcel Lang)

« Je fis mes premières classes (Ausbildung) dans le 23ème Grenadier Regiment à Rastenbourg avant de partir à Koloditschi où j’atterris le 20 juin 1943 dans le 22 ème Fusilier bataillon. Quatre semaines de formation accélérée s’ensuivirent avec un programme démentiel : patrouilles, rondes, gardes, creusement de tranchées et d’un puits, aménagement et consolidation de notre point d’appui (Stützpunkt). Je fis bientôt partie de la 2 ème compagnie dont le travail consistait à patrouiller de nuit le long des voies ferrées. Non loin de la Todeskurve de Goloditchi – constituée d’un immense remblai incurvé érigé pour supporter la voie ferrée et encombré par les innombrables carcasses dynamitées des trains ayant dévalé les talus-, se situait le point fortifié, der Stützpunkt « Hippler ».

Un repos apprécié s’étalait jusqu’à midi où j’avais droit aux choux... à toutes les sauces. Le dimanche, le cuistot nous mijotait un menu carné. Infestant la région, les maquis russes venaient miner la voie ferrée, en profitant de l’intervalle d’éloignement des patrouilles chargées de rechercher les cordons détonateurs. Leur tâche était facilitée par les renseignements émanant des agriculteurs du secteur, lesquels signalaient aux bandes rebelles l’emplacement de nos Vorposten (avant-postes).

Les plastiqueurs s’ingéniaient à faire sauter les rails au niveau de leur jonction ce qui nous obligeait à changer les deux rails de 18 mètres en même temps. Cela mettait le ‘pitaine dans une rage mal contenue. Une draisine ramenait sur le lieu du cratère les embouts et autres matériels nécessaires à rafistoler la voie (cf, chapitre sur les partisans).

L’attentat le plus habile des Russes fut cette explosion réussie, comme un coup de maître, qui éventra le milieu d’un convoi. Les denrées (cigarettes, sucre...) s’éparpillèrent le long des voies à la grande satisfaction des autochtones : une razzia sans précédent fit le bonheur de la population. Chargés comme des baudets, les paysans ramenèrent par sacs entiers cette manne divine chez eux ! Certains survivants l’évoquent sans doute encore dans leurs souvenirs.C’est là-bas que j’ai connu Lang Marcel avec qui je sympathisais :je lui offrais ma ration de cigarettes à chaque dotation. Un moyen ingénieux pour ne pas voir le bout incandescent du mégot consistait à le fumer sous le Zeltbahn (toile de tente) : la sucette tabagineuse ne me tentait pas. Notre Stützpunkt englobait un hameau constitué d’une école en dur et de quelques maisons autour desquelles avaient été installées des baraques. Pour être à l’abri d’attaques nocturnes, nous avons érigé un mur d’enceinte. Dans une double palissade, rembourrée de terre sablonneuse (remplie avec nos casques) et haute de trois mètres, on avait ajouré des meurtrières et constitué des bunkers aux coins d’attaque. Nous étions sous la coupe d’un sergent vindicatif et intraitable qui cherchait à nous rendre la vie impossible.

Toutes les excuses lui étaient bonnes pour nous enquiquiner : tours de garde, vigies nocturnes. Le séjour à la belle étoile était redouté : il fallait, en poste avancé, veiller à la tranquillité des lieux. Comme la sentinelle, debout comme un épouvantail en ombre chinoise, faisait une cible idéale, consigne nous avait été donnée de nous étaler dans l’herbe fraîche perlée de rosée nocturne. Le matin nous retrouvait transis et ankylosés comme des pantins amidonnés qui avaient du mal à retrouver l’usage de leurs membres. Un repos bénéfique aurait pu atténuer les raideurs de la nuit. Pensez-vous ! Le sousoffpascommode nous cherchait constamment de l’emploi : patrouilles dans les landes, surveillance diurne du secteur. Il prenait un malin plaisir à nous doubler le quota des rondes. Dès qu’une défection dans le tour de garde établi était signalée, c’était pour ma pomme. « Ein verhärteter Lothringer wie du, musst Paar mal durch die Feuertaufe !

Un Lorrain à endurcir comme toi doit subir plusieurs fois le baptême du feu !» Un jour, il voulut même me traduire devant le Conseil de guerre pour avoir déserté, prétendait-il, l’enceinte du château d’eau à garder. « Une ronde, plaidais-je, indique bien que je doive arpenter le secteur. Je ne suis pas ici de garde comme les SS immobiles devant la Porte de Brandebourg ! Je n’ai pas à faire le pied de grue, c’est écrit nulle part dans le règlement !» Rien n’y fit : le procès-verbal fut envoyé en haut lieu. Heureusement notre Major, au retour de son congé, annula la sentence. Le redouté sergent au comportement antilorrain trouvait toujours à nous traktieren (maltraiter): sa punition favorite consistait, durant une heure, à nous faire porter le sac-à-dos bourré de pierres et de nous faire souffler comme des taureaux, lessivés sous le masque à gaz..... J’ai revu Lang Marcel au 1 er Zugtrupp à Dunabourg. Il partait comme moi au combat.

Dans l’autobus qui l’emmenait vers sa destinée, je pus encore extraire de ma musette bourrée de vivres, des cigarettes dont il raffolait. Le coin n’était pas de tout repos. Les patrouilles lancées dans le no man’s land s’accrochaient continuellement : nos avant-postes détectaient les intrusions ennemies dans cette guerre de positions élastiques. L’espoir de m’en sortir m’animait continuellement : il fallait être coriace avec une attitude de bête impitoyable, sans état d’âme dans ces combats rapprochés. Au second jour de ces combats meurtriers, je me retrouvai, éparpillé avec mes camarades dans des fossés sommaires. D’autres trous disséminés tous les 300 mètres constituaient notre ligne de front ! Notre compagnie forte de 120 hommes fondit à 30 survivants..... (Ndr : Greff Emile, fait prisonnier, connaîtra le dur travail de forçat dans les ruines de Koenigsberg avant de rentrer le 19 septembre 1945 à Théding, Moselle.... (Cf. récit dans le tome n°2, Malgré-Nous, qui êtes-vous ?)


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